vendredi 10 février 2017

L'EMPEREUR


Documentaire/Magnifique documentaire, intéressant et touchant

Réalisé par Luc Jacquet
Avec la voix de Lambert Wilson

Long-métrage Français
Titre original : La Marche de l'empereur 2 (March Of The Penguin 2 - The Call)
Durée : 01h24mn
Année de production: 2016
Distributeur: The Walt Disney Company France 

Date de sortie sur nos écrans : 15 février 2017


Résumé : À travers le regard et les souvenirs de son aîné, un jeune manchot se prépare à vivre son premier voyage… Répondant par instinct au mystérieux appel qui l’incite à rejoindre l’océan, découvrez les incroyables épreuves qu’il devra à son tour traverser pour accomplir son destin et assurer sa survie et celle de son espèce. Marchez avec lui dans les paysages éphémères de l’Antarctique, ressentez la morsure du vent et du froid qui l’attendent à chaque pas et plongez avec lui dans les fonds marins jusqu’alors inexplorés.

Bande annonce


Ce que j'en ai penséLuc Jacquet nous avait ouvert, en janvier 2005, les portes d'un monde méconnu et merveilleux avec LA MARCHE DE L'EMPEREUR. À la fin de ce dernier, il nous laissait sur les images des petits manchots empereurs rejoignant l'océan. Grâce à L'EMPEREUR, il explore plus avant la relation père/poussin, la force de l'instinct, ainsi que la notion de transmission et d'apprentissage chez ces splendides créatures. 


Si vous n'avez pas (re)vu le premier documentaire, pas d'inquiétudes. Luc Jacquet fait un cours de rattrapage au début du film nous rappelant combien les manchots empereurs sont étonnants avec leur danse nuptiale, leurs appels sonores afin de localiser les êtres aimés et combien l'union fait la force dans ce territoire particulièrement hostile de l'Antarctique. 

Au-delà du cri d'amour présent dans les magnifiques plans rapprochés de ces imposants oiseaux, Luc Jacquet veut nous faire subtilement prendre conscience de la grande fragilité du cycle de la vie. Les manchots empereurs répondent à un instinct puissant et mystérieux à nos yeux. C'est une espèce endémique qui dépend donc d'un lieu précis. Les terribles contraintes qu'ils subissent se font l'écho d'une sélection naturelle impitoyable. Ceux qui survivent au final sont les plus forts. L'impressionnante beauté de la banquise et des fonds marins recèlent d'innombrables dangers et risques, mais nous pouvons facilement interférer, voire détruire la nature et de ce fait briser à jamais l'impressionnant rythme de ces animaux si particuliers.


Les images sont merveilleuses, tour à tour drôles, émouvantes, inquiétantes, sidérantes et toujours passionnantes. La voix de Lambert Wilson nous guide élégamment et distinctement au travers l'histoire de la vie des manchots empereurs. La musique originale composée par Cyrille Aufort nous berce agréablement au gré des aventures des héros de cette histoire et des paysages nous subjuguant. Il est aisé de voir que les prouesses techniques permettant de filmer dans des conditions extrêmes ont vraiment évolué depuis 2005. En tant que spectateurs, nous en bénéficions pleinement puisque le résultat à l'écran est splendide. 




Avec L'EMPEREUR, Luc Jacquet nous offre une parenthèse douce et touchante. On est apaisé par son documentaire, car il nous permet de nous rappeler qu'il y a beaucoup de merveilles dans ce monde et tellement à apprendre des animaux qui l'habitent. N'hésitez pas à vous rendre à la rencontre des manchots empereurs au cinéma, ils vous apporteront plus que vous ne pouvez vous y attendre.

Les photos du tournage












Luc Jacquet, le réalisateur, sur le tournage du documentaire





NOTES DE PRODUCTION 

PRÉFACE
« 12 ans après LA MARCHE DE L’EMPEREUR, je retrouve les manchots empereurs lors de l’expédition « Wild-Touch Antarctica ». A force d’en parler à travers le monde, ils étaient presque devenus une abstraction. J’avais peur que l’image que j’en avais dépassé la réalité. Mais non ! C’est un bonheur absolu de les revoir, ils sont encore plus beaux que dans mon souvenir ! L’attraction que j’éprouve pour eux est intacte. Il y a d’abord cette silhouette qui nous fait penser à la nôtre, de loin c’est véritablement troublant. Côtoyer les empereurs, ce n’est pas juste les observer, c’est une rencontre. Ils sont familiers avec nous. C’est très rare. Nous sommes un prédateur, les animaux nous fuient. Les manchots, eux, nous tolèrent et mieux, ils sont curieux, nous approchent… Ce sont vraiment des animaux singuliers. Je n’ai pas de meilleur souvenir que celui de me promener sur la banquise, d’être rejoint par un manchot et de partager un bout de chemin avec lui. C’est un immense privilège de pouvoir vivre ce moment avec vous…et de continuer l’aventure… » 
Luc Jacquet

Quel plaisir de proposer au public français ce nouveau voyage, l’expédition d’une vie, l’exploration du sixième continent et la rencontre avec ses plus fidèles habitants.
Il y a douze ans, l’histoire des manchots empereurs avait bouleversé des millions de spectateurs. Tout n’avait pas été dit. Tout n’avait pas été montré. 
Nous voilà donc de retour au bout du monde, de l’autre côté de la planète.

LA MARCHE DE L’EMPEREUR a été une rencontre, un point de départ. Pour une des toutes premières fois, le public découvrait sur grand écran le continent blanc et désert, une histoire unique, et pour beaucoup, le principe même du « story-telling » appliqué au documentaire animalier. Ce fut le début d’une collaboration fructueuse entre Bonne Pioche, Luc Jacquet et Disney France qui apportera au cinéma des histoires de renard, d’enfant et de forêts. Ce fut également  l’élément déclencheur de la création de Disneynature, un label unique qui a permis au public de faire le tour du monde guidé par des histoires inventées par la nature.

Avec L’EMPEREUR, notre tour du monde repasse par l’immensité Antarctique avec un regard nouveau et des moyens qui n’existaient pas hier.
Avec L’EMPEREUR, nous proposons au public français un nouveau voyage immobile et bouleversant, porté par Lambert Wilson, ambassadeur idéal, qui a eu la chance de se rendre sur ce paradis blanc. 
Avec L’EMPEREUR, nous continuons à creuser le sillon d’un cinéma citoyen et responsable, du grand écran comme véhicule d’un discours à la fois pédagogique et divertissant.

Bon film, bon voyage
Jean-François Camilleri
Président de Disneynature et de TWDC France et Benelux


LA MARCHE DE L’EMPEREUR  a marqué notre parcours de producteurs plus que tout autre film. Tout a commencé il y presque 15 ans, en juin 2002, date de notre première rencontre avec Luc Jacquet. L’histoire qu’il voulait porter à l’écran était d’un genre nouveau pour Bonne Pioche. 

Pour lui, comme pour nous il s’agissait de notre premier film destiné au cinéma. La puissance de cette histoire de la nature et la passion de Luc pour ces empereurs nous semblaient pertinentes pour prendre le risque de nous engager dans ce pari ambitieux. Mais nous étions bien loin d’imaginer que l’histoire de ces manchots nous amènerait à vivre une telle aventure. 

Nous avons lancé cette production atypique, en envoyant une petite équipe de tournage durant 12 mois en Antarctique afin de filmer cette histoire unique. Mais si notre détermination était sans failles pour produire ce film, notre aventure de producteurs a été bien plus compliquée que prévu. Et à l’image de la lutte des manchots pour survivre sur la banquise, notre quotidien s’est vite transformé en « Marche des producteurs » devant faire face à toutes les difficultés techniques, logistiques et financières pour arriver à faire exister ce film.

En plein cœur du tournage et alors que l’équipe affrontait des tempêtes terrifiantes sur la banquise, nous nous sommes retrouvés dans la plus grande détresse financière. Aucun partenaire du cinéma ne prenait au sérieux notre histoire de manchots et ne souhaitait y être associé ! 

Beaucoup trop endetté pour notre petite structure, nous étions alors à la limite de tout abandonner… Jusqu’au jour où nous avons rencontré Jean François Camilleri alors directeur de la distribution de Disney France Studios. Et même si, dans son bureau, il nous a fallu, mimer le passage d’œuf d’un manchot à l’autre pour le convaincre, il fut le premier à enfin voir dans ce projet la force du film en devenir. Nous avons pu alors, garder confiance, trouver les autres partenaires et aller au bout de la production.
Lors de sa sortie au cinéma le 26 janvier 2005, nous étions fiers et heureux que ce film soit enfin à l’écran après tant de difficultés traversées, mais à aucun moment nous n’avions imaginé l’accueil exceptionnel du public dont il a bénéficié.

Les spectateurs, se sont totalement passionnés pour cette histoire universelle, l’incroyable vie des manchots empereurs en Antarctique fascinait tout le monde. Puis, le film a rebondi de succès en succès à l’étranger, menant Luc et ses manchots empereurs sur tous les continents. 

Après cet accueil hors norme du public pour un film documentaire nous avons eu le plaisir d’avoir la reconnaissance de notre profession avec la victoire de la musique remise à Emilie Simon, puis un César et d’autres prix internationaux, jusqu’à ce que l’académie des Oscars décide de nous mener à Hollywood…

Tout depuis sa genèse sur ce film était extrême et dépassait l’improbable !

Cette aventure américaine, cette semaine que nous avons passé ensemble avec Luc pour la cérémonie des Oscars restera certainement un des moments les plus inoubliables de nos histoires professionnelles…Comment ces manchots pouvaient ils nous amener jusque-là ? Nous étions partis de si loin…

Alors, sur le red carpet d’Hollywood Boulevard, pour remettre nos héros au cœur de cette nomination, nous sommes tous arrivés, chacun avec une peluche de manchot empereur.
Les 3000 invités du « Kodak Theatre » se sont amusés de notre présence sur scène accompagnés de nos drôles d’oiseaux, et nous avons vécu ce rêve improbable de recevoir l’Oscar du meilleur documentaire. Puis en sortie de scène, Lauren Bacall nous a tendu les bras… certes pour nous féliciter, mais surtout pour qu’on lui donne une de nos peluches « so cute » !

LA MARCHE DE L’EMPEREUR a donc marqué notre vie mais nous a également motivé à faire notre métier avec encore plus d’entrain.

Très vite nous avons poursuivi notre collaboration avec Luc sur « Le Renard et l’Enfant » puis avec son film certainement le plus audacieux « Il était une forêt ».

Mais Luc n’a jamais cessé d’être « habité » par ses différents hivers passés en Antarctique. Sa fascination pour les manchots empereurs est toujours restée intacte.

En janvier 2016, de retour de son expédition « Antarctica » autour de la base Dumont d’Urville, menée avec Wild-Touch et Paprika films, Luc nous raconte avec enthousiasme ce qu’il a observé de nouveau durant ces semaines passées sur la banquise, immergé au cœur de la colonie de manchots. Les conditions météo de ce printemps antarctique 2015 étaient très différentes de l’année de tournage de LA MARCHE DE L’EMPEREUR ; Cela lui a permis de passer beaucoup de temps au milieu des jeunes empereurs dans ce moment si particulier ou ils partent à l’eau pour la première fois, répondant à cet appel mystérieux de l’océan. 

Depuis douze ans les techniques de prises de vue ont énormément évolué. En 2003 nous avions été contraints de tourner en pellicule 16 mm car seule cette technologie pouvait à l’époque résister au froid et encaisser des conditions de lumières aussi difficiles sur la glace. 

Lors de sa dernière expédition, Luc a pu tourner en numérique 4K, offrant une qualité d’image optimale. Les outils techniques d’aujourd’hui tels que les drones lui ont permis d’effectuer des prises de vue à couper le souffle révélant l’Antarctique dans toute sa majesté. Mais le plus fort est certainement ce qu’il a vu sous la banquise. Accompagné dans cette expédition par des plongeurs tels que Laurent Ballesta et Yanick Gentil, il a réussi à filmer sous la glace ce qu’il y a peut-être de plus surprenant chez l’empereur : Sa métamorphose et son incroyable grâce dans le milieu aquatique. 

Avec cette même passion qu’en 2002, Luc nous a raconté et fait partager son aventure, ce qu’il a vu, ce qu’il a ressenti, ce qu’il a découvert de nouveau chez les empereurs et à quel point leur histoire réserve encore une grande part de mystères. Il nous a transmis avec toujours autant de force, son désir de raconter une histoire inédite sur cette vie si extraordinaire des manchots avec un nouveau film en s’appuyant sur ses dernières images, mais également en pariant sur la quantité d’images 16 mm du tournage de 2003 que nous n’avions nullement  utilisées à l’époque.

Nous avons alors ressorti les boites de pellicule 16 mm stockées. Nous étions dans l’inconnu…Nous ne savions pas dans quel état seraient les négatifs qui avaient déjà été abîmés par les conditions extrêmes de tournage et les chocs thermiques reçus. Après beaucoup d’incertitudes, nous avons eu l’agréable surprise du bon état de ceux-ci. Grâce à l’évolution technique des laboratoires numériques nous avons pu numériser ces images dans une meilleure qualité qu’à l’époque. Luc a alors eu un vrai plaisir à redécouvrir ces images notamment celles de l’hiver qui est une saison rarement filmée tant les conditions climatiques sont extrêmes à cette période de l’année.

Fort de cette dernière expédition,  riche de toutes ces images inédites, et animé par son regard d’aujourd’hui, Luc nous a donné envie de l’accompagner dans cette nouvelle aventure cinématographique pour raconter, ce qu’il a saisi de nouveau et de différent sur la vie si particulière des empereurs. 

Voilà comment, pour notre plus grand plaisir et douze ans après la sortie de « LA MARCHE DE L’EMPEREUR l’aventure continue avec L’EMPEREUR !

Yves Darondeau,
Producteur, Bonne Pioche

UN FILM IMPULSE PAR L'EXPÉDITION « WILD-TOUCH ANTARCTICA »

Initiée par Luc Jacquet et son ONG WILD-TOUCH, l’expédition artistique et scientifique Wild-Touch Antarctica coproduite par ARTE France, Paprika Films, Wild-Touch Production, Andromède Océanologie et CNRS Images, en association avec Blancpain, l’IPEV et les TAAF s’est déroulée à l’automne 2015.

 Pour la première fois, une équipe artistique a pu capter pendant 45 jours, avec du matériel et des techniques perfectionnés, l’extraordinaire biodiversité terrestre et sous-marine d’un des plus beaux écosystème au monde pour nous livrer un témoignage exceptionnel de l’incroyable faune polaire et enquêter sur l’impact du changement climatique sur ce continent  désormais fragilisé.

Sous la glace, Laurent Ballesta, photographe plongeur et biologiste marin a réalisé avec son équipe de plongeurs un vrai défi technique et humain en découvrant à des profondeurs jusque-là inexplorées une biodiversité méconnue. Sur la glace, Vincent Munier, photographe des milieux extrêmes, a révélé en image la vie animale en Terre Adélie. Avec sa propre sensibilité, Luc Jacquet a exploré l’univers polaire.
En collaboration avec l’équipe de scientifiques de Christophe Barbraud, directeur de recherche au CNRS, l’expédition s’est fait le médiateur d’un monde en pleine mutation. 

Autant de témoignages sensibles d’un sanctuaire exigeant et fragile, partagés avec le public via des expériences pluri médias complémentaires : beaux livres, expositions photo, muséographie, documentaires TV, VR360°, et désormais un film L’EMPEREUR.

«Cet Appel secret, cet instinct qui permet à l’empereur de réaliser le prodige d’être vivant là où plus personne d’autre ne vit, m’est apparu comme une révélation au cours de mon dernier voyage. Je ne l’avais pas perçu lorsque j’avais écrit LA MARCHE DE L’EMPEREUR obnubilé par la surface visible de l’histoire naturelle de cette famille qui se bat le temps d’une saison pour élever son petit. Cette fois, j’ai côtoyé les empereurs avec un regard apaisé, disponible, et j’ai été bouleversé par le magnétisme de l’Appel.»
Luc Jacquet

AU CŒUR DE L’ANTARCTIQUE AVEC LUC JACQUET

L’Antarctique, ce bout du monde, ce continent des extrêmes à la beauté envoûtante… Ma passion naît en 1991 lors d’un hivernage scientifique pour lequel je séjourne quatorze mois sur la base Dumont d’Urville dans le cadre d’un programme d’écologie du CNRS. Avant mon départ, je rencontre le réalisateur suisse Hans Ulrich Schlumpf qui m’encourage à profiter de cette occasion unique pour faire des images. Je passe des mois à filmer les empereurs avec un plaisir fou. Selon lui, j’avais un œil, je devais continuer. Je décide de changer de  carrière : j’avais trouvé le moyen de voyager et un prétexte pour retourner en Antarctique ce dont je mourais d’envie. 

Par la suite je tourne des documentaires pour la télévision en gardant en tête qu’il y a une histoire formidable à raconter autour du manchot empereur. Après plusieurs années  à chercher un producteur, Bonne Pioche et un distributeur Disney France s’en emparent. Les prises de vues de La Marche de l’Empereur durent treize mois, un délai nécessaire pour filmer l’ensemble du cycle de reproduction des manchots. A la sortie du film, je suis emporté par un tourbillon : près de 2 millions de spectateurs en France, un César et un Oscar… Le succès est phénoménal. J’appréhende ce qui m’arrive avec candeur et enthousiasme. Une vie bouleversée à jamais.

L’Appel de l’Antarctique 

L’Antarctique m’obsède et me transporte. Chaque fois que j’y retourne c’est un rêve, un éblouissement et une aventure. La magie demeure intacte. J’y ai passé trois ans et demi en temps cumulé et je ne m’en lasserai jamais.

 Au fond de moi, je gardais le sentiment de ne pas avoir tout raconté des empereurs, qu’une partie de leur vie m’échappait encore. Au point de remuer ciel et terre pour organiser cette nouvelle expédition à Dumont d’Urville sur l’archipel de Pointe Géologie, l’un des plus beaux endroits au monde.

 Pour s’y rendre, il faut vingt-quatre heures d’avion de Paris à Hobart, en Tasmanie, puis onze jours de bateau à côtoyer les icebergs en affrontant les tempêtes. Nous sommes arrivés à onze, onze regards partis dans le cadre de l’expédition artistique et scientifique « Wild-Touch Antarctica » pour témoigner de la beauté, de l’incroyable biodiversité de ce lieu et apporter une vision inédite de l’Archipel. Jérôme Bouvier, caméraman et ami de longue date ; Eric Munch ingénieur du son ; l’océanographe-photographe Laurent Ballesta, Yanick Gentil et Thibault Rauby qui ont plongé et remonté de somptueuses images sous-marines des empereurs ; Cédric Gentil, assistant réalisateur et plongeur lui-même, Emmanuel Blanche le médecin assurant la sécurité des plongeurs ; Manuel Lefèvre venu nous filmer au quotidien pour partager notre aventure, Guillaume Chamerat le seul assistant caméra de l’expédition chargé de prendre soin du matériel et des images tournées et Vincent Munier le célèbre photographe animalier venu immortaliser ce lieu extraordinaire.

A peine arrivé, j’ai posé mon sac et je suis parti sur la manchotière, où la colonie est installée. Cela faisait douze ans que je n’avais pas revu les empereurs. Je les retrouvais enfin, comme s’ils n’avaient pas bougé, que le temps s’était arrêté depuis ma dernière venue. Quelle émotion devant ces 7000 empereurs ! Nous étions là pour deux mois, de novembre à décembre lors du printemps austral originellement pour filmer les images d'un projet multimédias. J’allais pouvoir prendre le temps de les observer à nouveau, de les suivre en permanence afin d’étudier leurs comportements avec cette liberté extraordinaire de les filmer. J’avais plus de maturité pour apprécier le privilège absolu que j’avais d’être là. 

Le déclic

C’est lors de l’expédition en assistant au départ des poussins vers la mer que l’idée de faire un film est née dans mon esprit. Pourquoi se mettaient-ils en route si soudainement ? Avaient-ils entendu un signal ? Sédentaires, ils vivaient depuis quatre mois au sein de la colonie et tout à coup ils décidaient de prendre le large. J’ai décidé de les suivre. Je ne les ai pas quittés des yeux. Je progressais à leur rythme, parfois je courais pour les précéder. Leur cheminement prenait des heures, ils s’arrêtaient, hésitaient, cherchaient. J’ai avancé avec eux jusqu’à l’eau. Pour la première fois j’allais assister au grand plongeon des poussins empereurs. Pendant des heures, il ne s’est rien passé. A la nuit tombée, Vincent Munier, l’un des deux photographes de l’expédition qui travaillait sur les lumières crépusculaires, a pris le relais. Le lendemain matin, toujours rien. Ils n’avaient pas bougé. Qu’attendaient-ils ? Ils restaient là, immuables. Après quatre jours, à force d’atermoiements l’un d’eux s’est approché du bord, au pied de la caméra et a plongé. Les autres ont suivi, ils se sont lancés tous en même temps, et ils ont disparu au loin. Ça m’a beaucoup ému, je venais de passer des jours à leurs côtés et je savais que je ne les reverrais jamais.

Ces poussins adolescents, encore couverts de duvet, venaient de se jeter à l’eau pour quatre ans sans savoir nager. S’agissait-il de ce qu’on appelle l’instinct ?  

En remontant le cycle de vie des empereurs, je me suis rendu compte qu’il était parsemé de rendez-vous auxquels ils ne dérogent jamais. Au fil de leur évolution, les empereurs ont créé une forme d’excellence qui leur permet de survivre là où aucun autre vivant n’y parvient. Tout à coup cela m’a semblé une évidence : c’était cette partition silencieuse, dont on n’entrevoit que les accords majeurs, qui m’avait échappée jusqu’alors. Cette force qui guide l’espèce, cet instinct. 

A Dumont d’Urville, les empereurs sont bagués depuis 1956. Christophe Barbraud, un ami biologiste sur place m’a expliqué avoir contrôlé un manchot empereur âgé de 43 ans. Le destin de cet aîné dans sa dernière saison de reproduction m’a fasciné. Plus de quarante ans à tenir… Combien de fois avait-il failli mourir en tentant de retrouver l’océan après quatre mois de jeûne dans l’hiver le plus terrible du globe ? A combien de prédateurs avait-il réussi à échapper ?… Je tenais mon histoire. Sa longévité m’offrait une situation dramaturgique intéressante qui rejoignait des thèmes chers à mon cœur comme le prodige d’être vivant, la ténacité et la transmission. J’ai appréhendé le manchot comme un acteur. J’avais envie qu’il me raconte ses voyages. En tant qu’être humain, on se sent extrêmement fragile devant la démence des éléments en Antarctique. L’empereur, lui, reste stoïque en plein blizzard. Cela force le respect et l’admiration. Tout me fascine chez cet animal sauvage : son charisme, sa tranquillité, son allure, ses codes si proches des nôtres.

Il est très compliqué de se rendre en Antarctique et les places sont peu nombreuses. Nous étions donc une équipe réduite à son minimum. En arrivant, nous avions en tête le programme très chargé qui nous attendait et les deux mois disponibles pour le réaliser. Nous voulions avancer à toute vitesse, mais il a fallu accepter que c’était impossible. Chaque matin, il s’écoulait un temps fou avant que je ne pose le pied sur la banquise. Après le petit déjeuner, je préparais ma nourriture pour la journée, un litre de soupe, de thé, de tisane ou un sachet de purée lyophilisée dans un large thermos d’eau chaude. Je prêtais attention au moindre détail : enfiler plusieurs couches de vêtements ; cacher les zips des fermetures qui, avec le froid, vous brûlent la peau ; attraper le GPS et la radio ; récupérer mes bottes en train de sécher devant le radiateur… Je chargeais enfin mes deux traineaux avec la caméra, les trépieds et la nourriture pour la journée. Le chargement terminé, ils pesaient plusieurs dizaines de kilos que je devais traîner tout au long de la journée, sur la glace irrégulière. Au bout de quelques jours, la routine s’est installée et m’a permis d’économiser de l’énergie, un élément capital en Antarctique. On devient très minutieux, besogneux et aguerri. C’est une nécessité pour ne pas perdre son matériel ou se blesser sur la glace.

Les crampons aux pieds et les bâtons aux mains, nous évoluions chaque jour dans un rayon de 10 km autour de la station pour nous rendre sur les lieux où nous voulions tourner. Traverser les paysages antarctiques rend très réceptif à ce qui se passe autour, on a le temps de penser, d’observer. On devient perméable, le regard s’aiguise, les sensations se développent. Plus les semaines passaient, plus je me sentais familier avec la colonie des empereurs. J’ai eu accès à leur intimité, à leur vie quotidienne. Je m’endormais au soleil dans mon duvet, au beau milieu des poussins qui me réveillaient en tirant ma doudoune avec leur bec. Je n’avais plus le même rapport au temps, plus de notion de rendez-vous ni de téléphone portable ! La nature me guidait pas à pas. J’ai vécu au rythme de ces animaux, avec comme seules contraintes la fatigue et le froid, c’est une chance inouïe ! Chacun travaillait de son côté, sur des lieux et à des moments différents. Lorsqu’on se retrouvait, c’était l’occasion de longs échanges, chacun racontait ce qu’il avait vu. On en profitait pour se montrer les images tournées la journée. 

En Antarctique il faut se méfier des conditions météorologiques très changeantes. On ne sait jamais comment le temps va tourner. Il peut rester stable pour la journée ou être balayé en quelques minutes par des vents violents. Les températures peuvent ainsi très rapidement basculer de 0 à -20 degrés et les paysages se transformer totalement en moins de quelques heures ce qui ne facilite pas les tournages. 

Plongées profondes en Antarctique, une première mondiale

Plus de dix ans après le tournage de LA MARCHE DE L’EMPEREUR, le matériel a évidemment beaucoup évolué. J’avais envie d’en profiter pour faire des images qui rendent vraiment justice à l’émouvante beauté de l’Antarctique. Les avancées technologiques nous ont permis de ramener des images incroyables, d’essayer la vidéo 360° et de capter un son plus immersif. Mais la réelle prouesse vient de l’équipe de plongeurs menée par Laurent Ballesta (biologiste naturaliste marin, spécialiste mondial de la photographie sous-marine). Elle a réalisé une première mondiale en faisant une série de plongées profondes à plus de 70 mètres dans l’océan antarctique à -1,8°C. Leurs compétences techniques et leur savoir-faire humain nous ont permis de découvrir une facette de l’empereur totalement méconnue du grand public: sa vie sous-marine. Grâce aux images récoltées lors de ces plongées, on observe l’empereur sous l’eau, dans son élément. Gracieux, c’est un virtuose de la nage parfaitement adapté à la vie aquatique.

Jamais personne avant eux n’avait plongé aussi profondément et aussi longtemps dans l’océan polaire Austral. C’était épuisant. Pour trois heures dans l’eau, il fallait six heures de préparation, puis six heures de réparation et de rangement après la plongée. Pour résister au froid, les plongeurs étaient équipés de quatre couches de vêtements superposées, auxquelles s’ajoutaient des cagoules, des gants, des équipements pour respirer et d’autres pour faire les prises de vue. Au total, 90 kg de matériel sur le dos. Le moindre mouvement était compliqué. Ces plongeurs aguerris avaient soudain l’impression d’être redevenus débutants. Peu d’hommes sont capables de réaliser ces plongées engagées et risquées. Il faut un mental d’acier, une très grande expérience, une excellente connaissance du matériel et une condition physique irréprochable. Une fois sous l’eau, la moindre erreur est fatale. Je crois qu’ils se sont vraiment fait peur à certains moments. Les plongeurs doivent respecter de très longs paliers de décompression pour éliminer les grandes quantités de gaz neutre accumulées. Si ces paliers ne sont pas respectés, ils risquent des accidents de désaturation qui peuvent être mortels. Il est donc impossible de remonter vite, même si l’on est épuisé ou gelé. Et la plupart de ces plongées étaient des plongées sous plafond, c’est à dire sous une épaisse couche de glace. Une fois sous l’eau, il fait complètement nuit, les plongeurs évoluaient à la lumière de leurs projecteurs. Leur plus grande angoisse était de ne pas réussir à remonter à la surface, coincés par le couvercle de glace. Pour retrouver le trou par lequel ils se mettaient à l’eau, ils déroulaient un fil d’Ariane, une ligne de vie lumineuse dont ils ne s’éloignaient jamais.

Au total, les plongeurs ont visité une vingtaine de sites différents et mené une trentaine de plongées, une véritable performance. Ils remontaient chaque fois avec des images toujours plus surprenantes. Le contraste entre ce monde aquatique et celui visible sur la banquise est saisissant. Sous l’eau, il existe une biodiversité très riche et colorée, ce monde jusqu’alors inconnu se dévoilait chaque jour un peu plus grâce à leurs images. 

Un continent à part

Cette expédition a été physiquement très éprouvante pour tous les membres de l’équipe, sans compter que les nuits étaient courtes. En plein printemps austral, le soleil ne se couche jamais vraiment, la nuit est comme un long crépuscule. Les lumières sont magnifiques, nous en avons profité pour tourner des images. Malgré la fatigue, nous avions conscience de la chance d’être là, sur ce continent blanc, terre de paix et de science qui n’appartient à personne, aux côtés de cette espèce animale éblouissante. 
C’est grâce à l’Empereur que je fais ce métier, que lors de mon premier hivernage en Antarctique j’ai tenu une caméra pour la première fois de ma vie. Mais cela va encore plus loin. Je vois les empereurs comme des sentinelles. En plein hiver austral ils sont le poste avancé de la vie, au-delà de la colonie il n’y a plus rien, seul un continent battu par les vents les plus violents de la planète. Pour survivre dans ces conditions hostiles, les empereurs se sont détachés de tout le superflu. Je pense que l’humanité ne serait pas tout à fait la même sans eux. 

Leur familiarité vis-à-vis des êtres humains, leur silhouette qui rappelle la nôtre, leur marche sur le même rythme que nous… Leur présence est incroyable. Rien ne me touche autant que d’être auprès d’eux et j’espère avec L’EMPEREUR partager avec le plus grand nombre l’émotion et le bonheur qu’ils me procurent. Ils m’ont apporté mes plus beaux souvenirs. Il m’est impensable qu’on ne transmette pas à nos enfants la chance de vivre cela. Même si cette chance est minime, presque impossible tant les empereurs vivent au bout du monde. Mais savoir qu’ils existent ouvre nos horizons, nous fait rêver.

 Cet univers est aujourd’hui menacé. Les courants changent, modifiant le mouvement des glaces, favorisant certaines espèces, en pénalisant d’autres. Pour la première fois depuis des siècles, il pleut en Antarctique mettant en danger les poussins empereurs dont le duvet n’est pas étanche les premiers mois. Il fait ici si froid, que mouillés, les poussins meurent gelés. Et depuis peu de la végétation apparaît, bouleversant l’écosystème. Alors oui, si L’EMPEREUR peut aider à ouvrir les yeux et susciter des vocations je serai le plus heureux des hommes. 

UNE HISTOIRE RACONTÉE PAR LAMBERT WILSON 

Charismatique et d’une élégance rare, Lambert Wilson fait partie des acteurs français que l’on ne présente plus. Au cours de sa carrière il a tourné avec les plus grands : Claude Chabrol, André Téchiné, Andrzej Zulawski, Alain Resnais, Peter Greenaway, Carlos Saura, Andrzej Wajda, Pascal Bonitzer… Il excelle dans tous les genres cinématographiques, s’illustre au théâtre, dans des spectacles musicaux et sort en 2016 un album hommage au chanteur Yves Montand. Pour L’EMPEREUR, Lambert Wilson prête sa voix à Luc Jacquet.
  
« J’ai tout de suite dit oui lorsqu’on m’a proposé de faire la voix de L’EMPEREUR, j’avais adoré LA MARCHE DE L’EMPEREUR. Luc Jacquet est un personnage passionnant et captivant, et il se trouve que j’étais moi-même allé en Antarctique pour le tournage de L’ODYSSEE où j’avais pu rencontrer les empereurs. C’est d’une beauté à couper le souffle. Imaginez le plus beau  glacier des Alpes, et bien là-bas c’est encore plus grand, plus blanc, plus bleu.

 On a beaucoup échangé avec Luc sur l’Antarctique. J’avais mille questions à lui poser sur la façon dont il a filmé mais aussi les conditions de son voyage, de son hébergement. On a parlé de sa proximité avec les empereurs grâce à la base scientifique Dumont d’Urville, toute proche de la colonie. 

On partage le même sentiment de paix qui règne là-bas, coupé du monde contemporain. Etre isolé a des bienfaits énormes pour soi-même et l’observation de la nature et des animaux fait du bien. Le plus émouvant en Antarctique est la valeur symbolique de ce continent riche en mille choses que l’humanité veut acquérir mais qui est protégé grâce au Traité sur l’Antarctique. Personne n’a le droit de s’emparer de ses richesses et ce territoire n’appartient à personne. C’est bouleversant qu’un tel lieu existe encore. 

Je pense que LA MARCHE DE L’EMPEREUR a été une révélation pour beaucoup de personnes. C’est d’une beauté graphique incroyable, et on connaissait finalement peu de choses sur cet animal à l’époque. Le manchot empereur est troublant car il a quelque chose de très humain dans sa façon de se tenir vertical, de s’occuper de son petit, dans le jeu amoureux lors des parades. Luc a une façon singulière de les filmer car il a passé énormément de temps sur place et les connaît très bien. J’ai été bouleversé en découvrant ce nouveau film à peine monté. On pensait avoir tout vu dans LA MARCHE DE L’EMPEREUR et là je découvrais une autre histoire. Luc a perfectionné son art de tourner, il y a des plans extraordinaires, des ralentis et on observe l’empereur dans l’eau, son véritable élément.

Lors des enregistrements de la voix, Luc a été très présent. Ayant écrit le texte et enregistré lui-même la première version de travail, il était très sensible aux intentions et entendait immédiatement si l’intonation était juste ou non. C’était très fin, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il soit aussi précis dans sa direction d’acteur. Les gens qui font des films documentaires sont souvent en terre inconnue avec les acteurs, mais lui était très exigeant, de la bonne façon. 

Au final, il faut laisser parler son émerveillement, l’élan et le ton juste viennent simplement du fait de regarder l’écran et de se dire « c’est tellement beau ». L’empereur n’a qu’une mission si ce n’est son plaisir de nager, de pêcher, c’est de faire en sorte que sa propre espèce perdure. Pas plus. Il n’a pas envie de conquérir le monde, il est simplement là pour exister et se reproduire. Luc a beaucoup cherché cette émotion dans la voix avec parfois de la tendresse et de l’humour lors de scènes cocasses avec les poussins. 

Je suis très heureux de raconter l’histoire de L’EMPEREUR. Je pense qu’il est fondamental que ces films qui montrent la nature soient réalisés, montrés, achetés par les parents et partagés en famille. Les jeunes générations ont une conscience écologique parce que c’est un peu à la mode mais il est nécessaire de continuer à leur montrer la beauté de la nature, la vie animale, sa fragilité et de leur ouvrir les yeux sur ce qu’ils doivent protéger pour se sauver eux-mêmes. On en est à ce stade… 

On devrait être en harmonie avec ce monde et ne pas se considérer comme supérieur alors que nous sommes véritablement une catastrophe pour la planète…

L’EMPEREUR

Le manchot empereur est une espèce funambule sur le fil de la vie. Cet oiseau mesure un peu plus d’un mètre en moyenne.  Il  appartient à la famille des vertébrés et est capable de survivre là où aucun autre être vivant ne le peut. Chaque année, au début de l’hiver alors que tous les autres animaux ont quitté les lieux, après un bref passage estival, l’empereur revient sur le Continent Blanc pour donner la vie, une histoire qui dure depuis des milliers d’années. 

Le cycle de la vie

C’est en plein hiver austral, dans la nuit crépusculaire et le froid glacial, que le poussin empereur sort de sa coquille. Nous sommes au mois de juillet. Il reste protégé sous un repli de peau du ventre de son père, au chaud dans la poche incubatrice en attendant le retour de sa mère partie rejoindre l’océan pour se nourrir et faire des provisions. Si elle tarde à revenir, le mâle, malgré les quatre mois de jeûne qu’il vient de traverser, a gardé une ultime réserve pour lui donner son premier repas. 

La femelle revient quelques jours après la naissance de son poussin. A son retour, le couple arrive à se retrouver grâce à leur chant. La mère et son petit se découvrent enfin et apprennent le chant de l’autre. Avec mille précautions, le mâle confie le poussin à la femelle et rejoint à son tour l’océan. Dès lors les parents se relayent auprès de leur poussin, alternant les allers retours de la colonie à l’océan. Cela va durer un mois. L’un garde au chaud le petit encore fragile pendant que l’autre pêche du krill, des poissons et du calmar en mer.

A la fin du mois d’août, lorsqu’il a un peu plus d’un mois, le poussin est enfin autonome thermiquement. Les parents peuvent désormais le laisser seul sur la colonie. Pour se tenir chaud, les petits se réunissent et forment des crèches. Le poussin grandit au rythme des voyages de ses parents vers l’océan. 

Le mois d’octobre arrive et avec lui le printemps. Il commence à muer. Cette petite peluche grise à cette fois-ci une drôle d’allure ! Les démangeaisons ont l’air terrible, il essaye d’arracher les touffes de poils qui ne sont pas encore tombées. En quelques semaines la colonie est grise de duvet. Le poussin, maintenant grand, est bientôt prêt à prendre la mer. Petit à petit, ses parents arrêtent de le nourrir et quittent la colonie. Livré à lui-même, il erre quelques temps et finit par gagner le bord de la banquise. 

Des jours se passent avant qu’hésitant il ne fasse le grand saut. Finalement, il se jette à l’eau. En quelques minutes, lui qui n’a connu que la banquise devient un nageur exceptionnel, il fonce vers le large. Il passe les quatre premières années de sa vie dans l’eau et parcourt plusieurs milliers de kilomètres. 

Et puis un jour d’avril, guidé par une force qui nous échappe, ce poussin devenu un jeune adulte revient vers le continent, en même temps que ses congénères, pour se reproduire à son tour. En quelques jours tous les empereurs se retrouvent sur la banquise et se mettent en route. Pendant des jours ils marchent en colonne pour rejoindre la manchotière, là où la colonie se réunit chaque année. Selon l’étendue de la banquise, elle se trouve parfois à plusieurs centaines de kilomètres de l’océan. Cette distance varie au cours de la saison, elle s’allonge avec l’hiver et diminue à l’arrivée de l’été. Piètre marcheur (0, 5 km/h en moyenne) mais très endurant le manchot se laisse parfois tomber sur le ventre pour aller plus vite et se propulse avec ses pattes et ses ailerons, selon la fameuse technique du toboganning. 

Enfin arrivé, après plusieurs jours de marche, le jeune empereur va vivre sa première saison de reproduction. Les parades commencent, les empereurs chantent, se cherchent. Des couples se forment et les partenaires semblent danser ensemble. L’accord doit être parfait pour assurer la réussite de la saison. Une fois sa partenaire trouvée, les deux manchots s’accouplent. Quelques jours plus tard, la femelle pond un œuf parmi la colonie puis passe l’œuf au mâle afin qu’elle puise rejoindre l’océan pour se nourrir. Pendant son absence c’est le mâle qui va couver l’œuf et le protéger du froid. La colonie s’enfonce dans l’hiver. Bloqué sur la banquise, son précieux trésor bien au chaud dans sa poche, il va affronter les pires tempêtes de l’année. Son acharnement est stupéfiant. Au cœur de l’hiver glacial, notre empereur survit au terrible blizzard, résiste au froid et jeûne pendant des mois pour couver sa progéniture. 

Aucun animal ne partage un tel destin. Dans quelques semaines son premier poussin verra le jour. Comme son père avant lui, il l’élèvera en faisant des allers retours vers l’océan pour le nourrir. Quand il le sentira prêt, il le laissera sur la banquise et reprendra la mer, avant de revenir chaque hiver pour rejouer le grand cycle de son espèce.

L’empereur, un concentré de technologies animales

L’empereur est un animal homéotherme, qui peut maintenir sa température interne dans des conditions climatiques extrêmes. Il est parfaitement adapté au milieu hostile qu’est l’Antarctique C’est à lui seul un concentré de technologies biologiques. Il n’y a chez lui rien de superflu, juste le nécessaire pour survivre. Il est le seul animal capable de jeûner jusqu’à 125 jours pour le mâle et 64 jours pour la femelle pour sauver sa progéniture.  L’empereur est  tel un super-héros qui, dans le milieu le plus extrême de la planète, a développé l’art de survivre. 

En plein hiver lorsque les tempêtes font rages et que les températures chutent, l’empereur forme avec ses congénères « la tortue » un groupe très serré pour se tenir chaud. Un mouvement se crée sur les pourtours, provoqué par les empereurs à l’extérieur du cercle qui cherchent à se mettre à l’abri en rentrant dans la tortue. Chacun profite ainsi de la chaleur du groupe. Ce système de thermorégulation collective est très efficace. A tel point qu’ils finissent parfois par avoir trop chaud ! Ils disloquent alors la tortue et un nuage de vapeur s’échappe du groupe. 

Les scientifiques ont découvert de nombreuses autres adaptations de l’empereur au froid comme par exemple, son système de circulation sanguine qui fonctionne comme une pompe à chaleur : le sang froid qui repart des extrémités passe à côté du sang chaud qui y va. Le sang froid est alors réchauffé et ne refroidit pas l’ensemble du corps. Il est aussi capable grâce à ses vaisseaux sanguins situés dans la membrane muqueuse  de réchauffer l’air qu’il inhale et de récupérer 80% de la chaleur de l’air expiré, lui évitant quasiment toute perte de chaleur ! 

La vie sous-marine

Lors de cette expédition, l’équipe de Luc Jacquet a mis en lumière une nouvelle facette de cet animal : la vie sous-marine. Si sur la banquise, l’empereur peut paraître gauche, sous l’eau il fuse et tourbillonne enveloppé d’un nuage de bulles. C’est ici au cœur de l’océan que semble être son véritable milieu de vie. L’empereur y passe la moitié de son temps. Il y pêche et y vit entre deux saisons de reproduction. En l’étudiant, on se rend compte que son corps, fait pour survivre sur la banquise, est aussi parfaitement adapté à l’Océan. Son épais plumage l’isole de la mer glaciale à -1,8°C. Ses ailerons qui sur terre semblent l’encombrer lui sont indispensables sous l’eau pour l’aider à se propulser et les bulles qui l’entourent lorsqu’il tourbillonne ne sont pas là par hasard, elles sont le résultat d’une adaptation fascinante.  

 L’empereur emprisonne des bulles d’air dans les couches de son plumage. Lorsqu’il a besoin d’accélérer, il comprime cet air avant de le relâcher, cela lui permet de tripler sa vitesse de nage ! C’est comme cela qu’il parvient à faire des bonds prodigieux pour sortir de l’eau et atterrir sur la banquise ! L’empereur est capable de faire des apnées de 20 minutes et de plonger à presque 600 mètres de profondeur - le record enregistré à ce jour est de 565 m ! Cela lui permet de pêcher là où aucun autre oiseau ne le peut. Il se nourrit principalement de krill antarctique, mais mange également des poissons, les « myctophidés » qui petits et très gras vivent dans les eaux froides, des céphalopodes, des crustacés, et il chasse aussi parfois des calamars. La variété de leur régime alimentaire dépend de la saison. Son comportement sous l’eau est encore bien mystérieux : chasse-t-il en groupe ? Comment fait-il pour s’orienter ? Ces questions restent encore sans réponse.

L’INSTINCT

L’instinct animal… Cette notion mystérieuse et fascinante, cette capacité à sentir les choses, à voir venir le danger, à savoir quel chemin prendre. L’instinct est inné et immuable. C’est une part inexpliquée des comportements animaux ou humains, ceux qui, transmis par voie génétique, s'expriment sans apprentissage et qui caractérisent une espèce. L’instinct s’exprime par une réaction impulsive, souvent instantanée. Fondamentalement, il est lié à la perduration de l’espèce. Très présent chez les espèces dites inférieures, l’instinct semble tenir moins de place chez les espèces plus évoluées. Il s'oppose à ce qui est acquis ou inventé par l'individu.

L’instinct ne doit pas être confondu avec l’intuition qui est ce que nous ressentons immédiatement au contact de personnes ou d’une atmosphère. L’intuition relève du sentiment, de la sensation.

LA MARCHE DE L’EMPEREUR racontait l’histoire naturelle des empereurs, celle que l’on observe, que l’on peut étudier. Ce nouveau film vient compléter l’histoire en s’attardant justement sur ce que l’on ne connaît pas, la part inconnue des empereurs. Quel signal appelle tous les empereurs à quitter l’océan au mois de mars ? Quelle force guide cette synchronisation ? Qui pousse le mâle à abandonner son poussin pour survivre ? Serait-ce cela l’instinct ? L’appel qui pousse cette espèce à être à l’heure des grands rendez-vous. Celui qui conduit les poussins à marcher en colonne, comme les adultes, celui qui fait que sans avoir jamais appris à nager, les poussins se jettent à l’eau.

D’un point de vue scientifique, cette réponse n’en est pas une. La science cherche des réponses, elle étudie les hormones, les conditions du milieu. Mais pour un cinéaste, cette part insondable de l’animal, qui résiste à la compréhension, est totalement fascinante. Pour Luc Jacquet, cette magie inexpliquée de la vie des empereurs rend l’espèce encore plus belle ! L’instinct serait une partition que jouent les empereurs, une partition presque inaudible dont on n’entendrait que les accords majeurs.

A travers L’EMPEREUR, Luc Jacquet sonde ce sujet mystérieux qu’est l’instinct. Il vous plonge dans une autre dimension où vous découvrez les empereurs comme vous ne les avez jamais vus.

L’ANTARCTIQUE : LE CONTINENT BLANC

L’Antarctique a éveillé les fantasmes de plusieurs générations d’explorateurs. Inconnue jusqu’au XIXème  siècle, la terra incognita est longtemps restée inexplorée. Depuis les années 1950, les scientifiques progressent sur ce territoire hostile et découvrent petit à petit les secrets qu’il protège.

A 2000 km de la Nouvelle-Zélande et 975 kilomètres de l’Amérique du Sud, l’Antarctique se situe à l’extrême Sud du globe terrestre. Plus grand que l’Europe, avec une taille de vingt-cinq fois celle de la France et d’une fois et demie celle du Canada, le Pôle Sud est un continent aussi gigantesque qu’inhospitalier. Il est composé d’une banquise qui recouvre l’océan et d’une calotte de glace qui n’a jamais disparue depuis que l’Antarctique s’est englacé il y a environ 34 millions d’années. La couche de glace qui recouvre le socle rocheux est d’une épaisseur égale à la hauteur du Mont Blanc et représente, à elle seule, 80% des réserves d’eau douce de la planète. On appelle cette glace l’inlandsis.

Avec ses 14.000.000 km2, glaces comprises, le continent austral se classe au cinquième rang des continents. Sa couverture de glace et de neige varie entre 2100 et plus de 4700 m. Considéré comme l'un des environnements les plus rigoureux de la planète, l'Antarctique est l'endroit où l'on a enregistré les vents les plus forts et les températures les plus basses de la Terre. La température la plus froide enregistrée à la station russe Vostok, pôle de froid du continent, est - 89 degrés. Ce record a récemment été battu dans l’est de l’Antarctique avec un pic de froid enregistré par satellite à - 93,2°C ! En janvier (été austral), les températures moyennes s’élèvent à 0°C près de la côte. Elles sont de -30°C à l’intérieur du continent. En juillet (hiver austral), elles atteignent -20°C près de la côte et -65°C à l’intérieur du continent. En Antarctique, comme dans toutes les régions froides, existe ce qu’on appelle « l’effet vent ». Cela signifie qu’un vent violent peut multiplier par 8 ou 10 l’effet de la température. 

Dans ce climat plus sec que le Sahara, ou les vents soufflent parfois à plus de 300 km/h, les tempêtes peuvent durer des jours, voire des semaines. Le tout par une nuit presque totale plusieurs mois de l’année.

Un continent qui n’appartient à personne

L’Antarctique est un endroit précurseur au niveau de la collaboration internationale. Signé le 1er décembre 1959 à Washington, le Traité sur l’Antarctique reconnaît qu’il est « de l’intérêt de l’humanité toute entière que l’Antarctique soit réservée aux seules activités pacifiques et ne devienne ni le théâtre ni l’enjeu de différends internationaux ». 

Trois décennies plus tard, les Etats désireux de renforcer la protection de l’Antarctique mettent au point le Protocole de Madrid, relatif à la protection de l’environnement en Antarctique. Signé le 4 octobre 1991 et entré en vigueur en 1998, ce protocole a été initié par l’ancien Premier ministre français, Michel Rocard. Les pays signataires s’engagent à assurer la protection globale de l’environnement en Antarctique et des écosystèmes dépendants et associés. L’Antarctique est ainsi désigné « réserve naturelle consacrée à la Paix et à la Science ».

Aujourd’hui, le Traité sur l’Antarctique et le Protocole de Madrid sont toujours en vigueur. Ils consacrent l’Antarctique terre de paix et de science, protégée de toutes revendications territoriales et d’exploitation des ressources. Pourtant de nouvelles puissances s’installent chaque année sur le continent sans cacher leurs intérêts pour les richesses que peut offrir le continent blanc.

En Terre Adélie : la base Dumont d’Urville et sa colonie d’empereurs 

Territoire exceptionnel qui passe de trente individus l’hiver à une centaine durant l’été austral: la Terre Adélie s’étend sur 432.000 km2.

 C’est un Français, Jules Sébastien César Dumont d’Urville qui, le 20 janvier 1840 a donné à cette nouvelle terre glacée le prénom de sa femme, Adèle. Plus de trente heures d’avion sont nécessaires aujourd’hui pour arriver jusqu’aux tréfonds du globe. Au départ de Paris, il faut passer par Hong Kong, en Chine, Melbourne en Australie, puis Hobart en Tasmanie et enfin embarquer à bord de l’Astrolabe, un navire affrété par l'Institut Polaire Français* et affronter la mer la plus dangereuse du monde, ses icebergs et ses tempêtes (cinq rotations seulement par an).

Après un périple d’une semaine, c’est enfin l’arrivée sur la Base Scientifique Dumont d’Urville située sur l’île des Pétrels dans l’archipel de Pointe Géologie.

Développée depuis 1956, DDU comme la nomme les habitués, voit se relayer sans discontinuer des équipes scientifiques françaises, le temps de quelques mois l’été austral ou d’un hivernage, une année complète en Antarctique.

La colonie d’empereurs de Dumont d’Urville

La base scientifique française Dumont d’Urville est installée tout près de la colonie qui vit ici. Elle réunie 7000 empereurs. C’est l’une des 54 colonies connues en Antarctique.  Les scientifiques pensent qu’il pourrait y en avoir plus, des plus petites, invisibles pour les satellites. C’est une grande chance d’avoir cette base installée près des empereurs, elle permet d’observer facilement la colonie. 

*L'Institut Polaire Français Paul Emile Victor est une agence de moyens pour la recherche polaire au service des laboratoires nationaux rattachés à des structures dont la vocation est la recherche scientifique : université, CNRS, CEA, INRA...

L’OCÉAN AUSTRAL 

L’océan austral se trouve autour de l’Antarctique. Sa température est de -0,8°C vers le continent et de 3,5°C près de la convergence antarctique, là où se retrouvent les eaux polaires antarctiques et les eaux plus chaudes des régions sub-antarctiques. Cet océan représente 10% de la surface des océans sur le globe. 9000 espèces répertoriées y vivent et de nombreuses restent encore à découvrir. C’est une grande réserve de plancton et donc un rouage essentiel pour la biodiversité océanique mondiale.

Le courant circumpolaire tourne autour de l’Antarctique et l’isole du reste du monde. Il tourne sans interruption depuis 23 millions d’années, depuis que l’Antarctique s’est séparé de l’Amérique. Ce courant est terriblement puissant, son débit est 800 fois plus fort que celui du fleuve Amazone, le fleuve le plus puissant de la planète. Il est la courroie de distribution de l’ensemble des courants mondiaux et joue ainsi un rôle clé dans la machine climatique.  

L’océan austral est aussi l’un des principaux puits de carbone de notre planète. Très vaste, il s’étend sur une large bande de latitudes. On y rencontre des conditions climatiques très variées, des climats tempérés subtropicaux au froid intense poussé jusqu’à son extrême. Les mouvements atmosphériques et océaniques y sont donc très intenses et turbulents. Pour aller en Antarctique, les bateaux doivent affronter les terribles "quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants”. Cet océan est le siège d’échanges intenses entre l’océan et l’atmosphère. Grâce à sa dynamique très impétueuse, des échanges air-mer très actifs et d’une activité biologique très soutenue, l’Océan Austral soutire chaque année environ un tiers du carbone d’origine humaine rejeté dans l’atmosphère…

LES AVENTURIERS DE L’EXPÉDITION “WILD-TOUCH ANTARCTICA”

Jérôme Bouvier, chef opérateur,  est un habitué des tournages en pleine nature sauvage. En 20 ans il a réalisé 13 films et tourné les images d’une vingtaine d’autres. Rien ne le passionne autant que de se retrouver en expédition à l’autre bout du monde, isolé au plus près de la faune et de la flore locale. Jérôme et Luc Jacquet sont des amis de longue date. Colocataires à la fac, ils ont ensuite travaillé ensemble sur de nombreux documentaires animaliers et se sont retrouvés sur les longs-métrages de Luc Jacquet. En 2014, Jérôme Bouvier a été chef opérateur sur le film LES SAISONS de Jacques Perrin. 

« J’étais déjà allé en Antarctique il y a 20 ans, pour le tout premier film de Luc Jacquet sur les phoques de Weddell. J’avais gardé un souvenir si fort de ce premier voyage et de mon arrivée en Terre Adélie que je ne voulais plus y retourner! Finalement le goût de l’aventure a repris le dessus… Nous avons refait le même trajet en bateau, de la Tasmanie à Dumont d’Urville. Un voyage extraordinaire. Au bout de quelques jours de navigation on semble quitter le monde des vivants. Vingt ans plus tard, c’était toujours aussi fort. Ce continent est tellement beau : des lumières incroyables, des nuits magnifiques, la chance d’avoir tout le confort possible sur place, des dizaines d’espèces animales à portée… C’était pareil et en même temps très différent. Le fronton du glacier n’était pas le même, le lieu où les phoques mettent bas non plus, tout change en permanence ici. 

Nous avons eu la chance de pouvoir rester longtemps sur place, cela nous a permis de voir les lieux se transformer, les ambiances lumineuses changer, la banquise reculer, les animaux revenir. Nous avons pu entrer dans l’intimité de la colonie. En quelques semaines, les empereurs se sont déplacés, les poussins ont grossi, mué et pris de drôles d’allures. C’était incroyable d’être les observateurs privilégiés de cette évolution. 

C’était l’été austral alors nous avons peu souffert du froid. Malgré cela, comme nous restions entre 18h et 20h sur la banquise, en faisant très souvent des efforts, il nous a fallu apprendre à gérer : enlever des couches dès qu’on se déplace pour éviter de transpirer et d’attraper froid par la suite. Pour travailler ce sont aussi des petits gestes à apprivoiser : enlever ses moufles pour accéder aux réglages de la caméra, les relier à un cordon pour qu’elles ne s’envolent pas, les remettre dès que possible… Je me suis rendu compte qu’avec le froid il y avait une limite à ne pas franchir. Dès qu’on commence à être gelé, il faut savoir s’arrêter et abandonner ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux. J’ai dépassé cette limite une fois, j’ai mis plus de 45 minutes à récupérer mes orteils qui ne répondaient plus. Il faut être vigilant pour de ne pas se mettre en danger.

 Le vrai problème pour un cadreur réside dans la condensation. Il faut éviter les écarts de température trop importants. Le local qui abritait les optiques et les caméras était maintenu juste hors gel. Seules les batteries chargeaient au chaud. L’autre difficulté est la lumière. Elle est tellement intense, que dès que mon œil quittait l’œilleton de la caméra, ma pupille prenait la lumière et se rétrécissait. Résultat, je ne voyais plus rien !

Les jours avançant et la fatigue s’accumulant, j’avais parfois envie que l’expédition s’achève. Mais dès que je me retrouvais dehors, j’oubliais tout ! J’ai un magnifique souvenir d’une longue promenade, loin de la base. C’était au début de l’expédition, la banquise n’avait pas encore débâclée. Je me revois avancer en me disant que j’étais en train de marcher sur l’océan. Cette idée me bouleversait. J’avais l’impression d’être seul au monde sur cette banquise, cela donne un sentiment de liberté et d’aventure incroyable. La glace était magnifique, les lumières de l’interminable coucher de soleil étaient fascinantes, d’une intensité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs ou alors très furtivement. Je me demandais comment retranscrire cette beauté et cette émotion unique à l’Antarctique. »

Laurent Ballesta fait rêver les plongeurs du monde entier. Biologiste naturaliste marin, spécialiste mondial de la photographie sous-marine, il est le plus jeune photographe à recevoir la palme d’or au Festival Mondial de l’Image Sous-Marine, et le seul à obtenir cette distinction à 3 reprises. En 1999 il révolutionne la plongée en scaphandre autonome permettant de plonger plus profond et plus longtemps. Pendant de nombreuses années il est conseiller scientifique en environnement marin pour l’émission Ushuaia Nature et enchaine les expéditions à travers le monde : en Arctique, en Sibérie, en Amazonie, en Patagonie ou encore en Nouvelle Calédonie, dans le delta de l’Okavango à la rencontre du crocodile du Nil. En 2009, Laurent Ballesta se rend en Afrique du Sud pour réaliser un vieux rêve : plonger avec le poisson fossile Cœlacanthe, la plus grande découverte zoologique du XXème siècle, que l’on croyait disparu depuis 65 millions d’années et que seuls les robots ou les sous-marins avaient réussi à filmer jusqu’alors. 

Il y retourne avec son équipe en 2010 - ramenant les toutes premières photographies-  puis en 2013 pour une mission scientifique qui fait l’objet d’un 90 minutes récompensé par 3 grands prix dans des festivals internationaux. 

En juin 2014,  dans le cadre de l’expédition scientifique Gombessa 2, autour du rassemblement annuel de milliers de mérous venus se reproduire à Kakareva en Polynésie française,  il effectue une plongée record de 24 heures à plus de 20 M. 

Pour Luc Jacquet, Laurent Ballesta réalise une première mondiale et relève un nouveau défi: une série de plongées profondes à 70 M dans l’océan austral de l’Antarctique qui avoisine les -1,8°C. 

« Je n’avais jamais fait un voyage aussi long de toute ma vie pour me rendre sur un site de plongée. Plus on avançait, plus j’avais l’impression d’aller vers le néant… Quelques années plus tôt, en plongeant en Péninsule Antarctique, j’avais eu l’intuition qu’il y avait sous moi un monde entier à découvrir, mais que pour cela il faudrait aller plus profond.

Cette nouvelle expédition a été particulièrement préparée, notamment au niveau du matériel. Des combinaisons avec chauffage intégré ont été conçues spécialement pour nous. Une fois arrivés à Dumont d’Urville, plusieurs jours se sont écoulés avant que nous puissions plonger. Le temps de préparer le matériel, de repérer les lieux... Quand on a été enfin prêts, une tempête nous a obligé à attendre deux jours de plus. C’était frustrant ! Plus le temps passait, plus j’appréhendais cette première... Mais elle a été prometteuse ! Le matériel fonctionnait, nous étions rassurés. C’était le tout début de la débâcle, l’eau voyait le jour pour la première fois depuis des mois, elle était cristalline ! Au cours de cette expédition, nous avons fait une trentaine de plongées à 70 mètres de profondeur. La plus longue a duré plus de 3h30, mais nous sortions généralement de l’eau au bout de 3h. Ce sont des plongées dures et épuisantes. Une fois à l’eau, il nous fallait un temps d’adaptation, les trois premiers quarts d’heure étaient durs, je souffrais, j’avais des difficultés à me concentrer et puis soudain, j’étais captivé par ce que je voyais, je m’appliquais à faire mes images et alors, j’oubliais tout ! J’ai vu les plus belles lumières de toute ma vie ! Nous avons découvert un univers foisonnant de biodiversité et de couleurs. Aux abords de la surface il y a peu de vie car les changements de salinité sont très importants. Mais dès que l’on commence à descendre c’est spectaculaire, plus on se dirige en profondeur, plus la biodiversité est riche. Nous avons vu des forêts de kelp, des algues marrons dont les feuilles mesurent ici jusqu’à 4 mètres, plus bas nous avons croisé des étoiles de mer beaucoup plus grandes qu’ailleurs et en descendant encore nous sommes arrivés sur de véritables champs de pétoncles, il y en avait des milliers ! Arrivés à 70 mètres de profondeur, c’est incroyable, des centaines d’espèces vivent ensemble, des crustacés, du corail mou, des éponges, des petits poissons… C’est d’une grande diversité en nombre, en forme, en couleur. Les images que nous avons ramenées sont précieuses, c’est la première fois que sont illustrées vivantes, dans leur milieu naturel, la plupart de ces espèces. Je repars cependant avec le sentiment de n’avoir qu’effleuré cette vie sous-marine australe. Il nous faudra revenir mais en améliorant encore le matériel qui nous empêche de plonger plus longtemps. » 

Accroché à une falaise, perché à la cime d’un arbre, à 100 mètres sous l’eau ou sur la banquise, Yanick Gentil est cadreur, spécialiste des tournages en milieux extrêmes. Il a participé à des dizaines d’expéditions à travers le monde. Il a accompagné Laurent Ballesta à de nombreuses reprises, en Afrique du Sud ou encore en Polynésie Française… C’est donc tout naturellement qu’il a rejoint les équipes de Luc Jacquet depuis plusieurs années. Plongeur profond et caméraman émérite, il a réalisé des images sous-marines incroyables lors de cette expédition en Terre Adélie. 

« Je venais en Antarctique pour la première fois, mais je rentrais d’une expédition en Arctique où j’avais vécu plusieurs semaines en bivouac, en totale autonomie. J’avais donc l’expérience du grand froid et je savais que cette fois-ci nous aurions tout le confort possible à la base scientifique Dumont d’Urville. Ce sont surtout les températures que nous allions devoir affronter lors des plongées qui m’inquiétaient. Les premières nous ont agréablement surprises, nous supportions assez bien les -1,8°C, seules les extrémités – mains, pieds, tête – souffraient. Mais au fil des semaines, c’est devenu de plus en plus dur… sans doute parce que nous nous étions habitués. 

J’ai pris beaucoup de plaisir à filmer les empereurs. Nous les connaissons très bien à la surface, sur la banquise, mais très peu dans l’océan. On sent tout de suite que c’est ici leur monde ! Dès qu’ils passent la tête sous l’eau ils sont extrêmement agiles, ils filent à toute vitesse, nous tournent autour, toujours aussi curieux. Dans l’eau les rôles s’inversent, eux si patauds sur terre deviennent des nageurs exceptionnels alors que nous, nous avions beaucoup de mal à nous déplacer avec nos 90 K de matériel sur le dos. J’ai adoré avoir accès à cette partie de leur vie.

Chaque tournage a sa spécificité, pour celui-ci c’était le lieu. L’Antarctique est une terre isolée, les animaux ont été peu chassés et sont donc peu pollués par l’humanité. Ce sont d’énormes oiseaux aux couleurs superbes. Ils sont gentils, calmes, curieux et ont leur petite routine. Notre présence ne les dérange pas, ils ne sont pas craintifs comme ailleurs où les animaux nous fuient et où il faut faire des affûts pour les filmer et s’armer de patience pour se faire accepter. 

Avec le temps, j’anticipe les comportements des animaux pour me placer au bon endroit. Je ne sais pas si c’est l’instinct ou l’expérience, mais pour travailler je me fie à mon ressenti. Ce tournage nous a permis de réaliser des plongées uniques qui resteront mythiques. Il nous a aussi offert le privilège de passer du temps sur la banquise, dans les lumières du printemps austral, entourés des colonies de manchots empereurs et de manchots Adélie. Ces expériences n’arrivent pas tous les jours, il faut savoir les apprécier. »

Capable d’organiser des tournages hors normes dans les endroits les plus reculés du globe, Cédric Gentil travaille avec Laurent Ballesta depuis plus de 10 ans et avec Luc Jacquet depuis de nombreuses années. Son métier ? Rendre possible les envies et besoins des réalisateurs, des photographes et trouver immédiatement une solution à un problème. Premier assistant réalisateur et plongeur profond lui-même, Cédric a multiplié les casquettes durant cette expédition. 

L’Antarctique c’était une première pour moi ! J’étais heureux de pouvoir aller à Dumont d’Urville dans cet endroit isolé, presque inaccessible. Les 10 jours de voyage nécessaires pour y arriver, donnent le temps d’être apprivoisé, de croiser des orques, des manchots, les premiers icebergs… Là-bas on ressent de nouvelles sensations, on découvre que le bleu et le blanc se déclinent en milliers de teintes, c’est envoutant. Les paysages changent sans cesse. On pourrait passer des jours à photographier le même iceberg sans jamais voir la même chose. La proximité avec les animaux sauvages est fabuleuse, ils ont peu de prédateurs terrestres, ils sont donc complètement accessibles. On en a bien profité ! Notre local de plongée était situé à côté de la route qu’ils prenaient pour aller à l’océan, on les voyait défiler sous nos yeux. Dans les règles de la base, les manchots sont prioritaires. On attendait donc qu’ils passent pour circuler à notre tour. Nous les plongeurs, nous avons surtout eu la chance de pouvoir les voir sous l’eau. Sur la banquise, on connaît bien leurs comportements, mais on ne savait pas à quoi s’attendre dans l’eau. Dès la première plongée ils sont venus nous voir, je les ai trouvés bien prétentieux. Ils ne savaient pas ce qu’on était, des prédateurs ou non, et pourtant ils n’ont pas eu peur. Ils ont vite dû remarquer qu’on savait à peine nager et qu’on ne représentait aucun risque.

Nous avons tous eu plusieurs casquettes pendant cette expédition, j’ai été assistant réalisateur, logisticien, régisseur, plongeur profond. En parallèle des journées de plongées, je m’assurais que personne ne manque de rien au quotidien (chocolat, biscuits, crème solaire, bottes...), je coordonnais avec Luc, Jérôme, Laurent et Vincent ce dont ils avaient besoin pour tourner le lendemain, un traîneau…Je faisais ensuite le lien avec les responsables de la station et des TAAF pour les prévenir du programme du lendemain et obtenir les autorisations nécessaires. 

L’expédition a duré deux mois et demi, c’était génial d’avoir autant de temps. On était très bien préparé, on avait du très bon matériel, on ne manquait de rien. Cette expédition nous a beaucoup apporté en expérience et nous avons partagé des moments d’amitié très fort. J’ai passé 20 heures par jour avec les membres de l’équipe de plongeurs : on faisait tout ensemble, préparer le matériel, manger, plonger… Ça nous a sur-soudé !

Des tournages comme ça sont vraiment rares, nous sommes les plus chanceux du monde. C’était exceptionnel ! Même si depuis toujours je rêvais d’être explorateur, je n’aurais jamais osé imaginer qu’un jour j’irais en Antarctique. Bien que l’on soit né trop tard pour être de vrais explorateurs comme ceux qui ont découvert les pôles, ce genre de mission permet d’y croire un peu ! Quand à 70 mètres sous la glace, en pleine nuit, nous lâchions notre fil d’Ariane pour pousser un peu plus loin encore, alors là oui, nous avions quelque chose de l’explorateur. C’est pour ces petits moments que je fais ce métier. 

Un an jour pour jour après à la date de notre départ pour l’Antarctique, j’ai envoyé un mot à chacun. Un voyage pareil ne s’oublie pas.

Eric Munch est ingénieur du son. Technicien de formation, issu de l’école Louis Lumière, c’est surtout la part créative de ce métier qui l’anime. Il travaille dans les premières radios libres comme réalisateur, notamment à Radio Nova, coréalise des documentaires (« Les Fespakistes », « Nawal et les femmes de la lune ») et produit des disques. Depuis 18 ans il collabore avec Nawal Mlanao, chanteuse des Comores. Passionné de musique, de documentaires, de cinéma et de voyage, il exerce son métier à travers le monde.  L’Antarctique, il en rêvait depuis qu’il avait préparé le matériel pour la prise de son de LA MARCHE DE L’EMPEREUR. Douze ans plus tard, il a donc embarqué pour la Terre Adélie aux côtés de Luc Jacquet.

Je n’avais pas pu partir en Antarctique lors du tournage de LA MARCHE DE L’EMPEREUR. J’étais donc ravi que l’occasion se présente à nouveau. Après des jours de voyage dantesque à bord du navire ravitailleur l’Astrolabe, nous avons enfin posé le pied sur la banquise ! Je me suis assis un moment pour observer cet environnement inconnu. Les manchots sont arrivés en curieux, c’était magique. Ça a créé une ambiance très pacifiste qui promettait un superbe séjour ! A notre arrivée les nuits étaient déjà assez courtes et petit à petit il a fait jour en permanence. Notre rythme biologique était complètement bouleversé, chacun dormait 3h par-ci, 4h par-là et vivait à son rythme. J’en ai profité pour sortir la nuit. La base endormie, il y avait beaucoup moins de bruits pour parasiter mes captations sonores. J’avais aussi un sentiment de liberté plus grand. La vie à Dumont d’Urville est pleine de règles pour assurer la sécurité des hivernants. Lorsque je sortais la nuit, un appel au talkie-walkie suffisait pour prévenir où je me rendais. J’ai pris le temps de m’immerger dans cet univers que je découvrais pour la première fois, j’ai écouté, passé du temps à observer. Sur la banquise il se passe des choses tout autour de nous. La présence de la colonie d’empereurs apporte un bruit de fond permanent, les manchots font un son très particulier et très vite je me suis rendu compte qu’ils avaient un langage propre, par exemple du poussin pour retrouver sa mère, ou pour prévenir de l’arrivée des skuas, prédateurs de poussins. Il y avait aussi les phoques de Weddell qui passent leur temps à dormir sur la banquise et émettent de très curieux sons lors de leurs rêves agités, comme un synthétiseur analogique. La première fois que nous les avons entendu, Jérôme Bouvier et moi avons cherché d’où pouvait bien provenir ce son si étrange. Ah si l’on pouvait deviner de quoi sont fait les rêves des phoques… Et la glace ! La banquise est loin d’être silencieuse, elle craque, se fend, et c’est sous la banquise que l’on ressent cela le mieux… J’avais emmené un hydrophone pour enregistrer les sons sous l’eau. C’était incroyable ! Les animaux utilisent les sons pour se repérer et repérer leurs proies. Dans l’eau, l’ouïe est bien plus importante que la vue. Grâce à leurs cris et aux retours acoustiques, les mammifères marins parviennent à se former une sorte de cartographie. Ces sons marins ont été une belle découverte. A l’extérieur, l’immense contrainte est celle du vent. Dès qu’il se lève, il est presque impossible de ne pas être parasité, même avec un équipement pensé pour cela. Je profitais donc au maximum des journées sans vent pour travailler. On a eu beaucoup de chance cette année car il faisait souvent beau et la mortalité des animaux était bien inférieure à celle des années précédentes. Nous avons donc pu témoigner au mieux de cette merveilleuse vie animale et ainsi faire prendre conscience de ce que l’on risque de perdre, c’est un défi pour l’humanité toute entière.

Ornithologue de formation et chercheur au CNRS, Christophe Barbraud travaille en écologie des populations, en particulier des oiseaux marins, et étudie l’impact du changement climatique et des activités humaines sur ces animaux. Habitué des terres australes, il a fait une douzaine de missions en Antarctique pour étudier les albatros, les pétrels des neiges ou le fameux manchot empereur. Les régions polaires sont les sentinelles des conséquences climatiques et donc des lieux privilégiés pour étudier la démographie des populations. C’est en 1992 que Christophe Barbraud rencontre Luc Jacquet à Dumont d’Urville lorsqu’il le relève de son 1er hivernage. Luc Jacquet et Christophe Barbraud s’y sont depuis retrouvés à plusieurs reprises, dont l’hiver dernier lors de l’expédition Antarctica.

« J’ai découvert les manchots empereurs lors de mon premier hivernage à Dumont d’Urville, en venant relayer Luc. Après avoir passé l’été ensemble sur le terrain, j’ai continué à observer les empereurs durant l’hiver. C’est une espèce spectaculaire qui marque tous ceux qui la croisent. 

Lors de la réalisation de LA MARCHE DE L’EMPEREUR, j’avais déjà accompagné Luc comme conseiller scientifique. C’est par un heureux hasard que nous sommes partis au même moment en Antarctique cette fois-ci. Nous nous en sommes rendu compte quelques mois avant, lorsque Luc m’a appelé pour discuter des manchots empereurs. 

Une fois sur place, l’équipe de Luc s’est très vite intégrée à la vie de la base et aux scientifiques qui étaient là. Les membres de l’équipe étaient très demandeurs d’informations sur la biologie des animaux, leurs comportements… Les échanges se sont fait dans les deux sens : pour nous scientifiques c’était aussi une grande chance d’avoir autant d’images sur des périodes d’observations longues. Les scientifiques fonctionnent souvent avec une question à laquelle ils essayent de répondre en faisant certaines observations et mesures. Cette foule d’images nous apportait de nouveaux éléments. Nous avons eu des discussions très intéressantes en croisant nos regards. Cela nous a aussi permis de sortir de notre bulle et de nous ouvrir à leur vision artistique.

Nous avons beaucoup parlé de l’instinct avec Luc notamment lorsque les jeunes poussins étaient au bord de l’eau et attendaient pour se jeter à l’eau pour la première fois. En science, on a longtemps fait l’opposition entre l’instinct, ce qu’on appelait l’inné, qui était génétiquement déterminé, et l’acquis qui venait d’un enrichissement culturel, d’un apprentissage. Petit à petit, nous sommes sortis de cette dichotomie entre ces deux aspects. Aujourd’hui nous raisonnons sur une échelle allant du purement instinctif au purement acquis et culturel. Un comportement animal s’explique par une certaine proportion d’instinct et une autre d’acquis et vient donc se placer sur cette échelle. Cela a été prouvé expérimentalement et génétiquement. En observant les poussins partir à l’océan, on a eu une très forte impression de prédétermination. On les a vu foncer immédiatement plein Nord. Il y a au démarrage une grande part d’instinctif. Au bout de quelques mois, le comportement des poussins évolue, chacun agit différemment. A ce moment-là, le curseur se déplace dans la partie apprentissage et acquis.

Il reste encore beaucoup de choses inconnues sur les manchots empereurs. Aujourd’hui des équipes de scientifiques avancent sur trois pistes principales : les comportements collectifs pour comprendre comment les individus se déplacent au sein d’une tortue, comment la formation bouge…; de nouveaux outils pour étudier les populations et améliorer notre compréhension de leur évolution et de leur dynamique en fonction du sexe, de l’âge…; Et l’étude des jeunes empereurs en mer, où vont-ils ? Comment se dispersent-ils ? Cette dernière voie de recherches ouvre de réels défis technologiques pour parvenir à créer des outils capables de tenir plusieurs années sur les poussins qui passent leurs quatre premières années sur la glace flottante et dans l’océan. 

Les projets artistiques comme celui de Luc sont importants pour la science, ils permettent de faire comprendre le but des recherches scientifiques, à quoi elles peuvent être utiles, et de faire passer des messages. Pour moi, c’est une réussite. »

LA MUSIQUE

La partition de Cyrille Aufort 

Avant même d’entrer au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon et Paris, Cyrille Aufort sait qu’il veut composer des musiques de films. Depuis toujours il aime le cinéma, les images l’émeuvent. Ce sont elles qui l’inspirent pour composer. Il commence par travailler pour le théâtre, pour des court-métrages, des films d’animation avant de travailler pour des live actions. Depuis 2006 il a composé la musique de nombreux films : L’empire du milieu du Sud de Jacques Perrin et Erico Deroo ; L’âge de raison de Yann Samuell ; le multi récompensé A ROYAL AFFAIR de Nikoloj Arcel ; ou encore UN HOMME IDEAL de Yann Goslav.

Après LA GLACE ET LE CIEL en 2015, Cyrille Aufort retrouve Luc Jacquet pour une nouvelle collaboration.

« Avec Luc nous avions déjà appris à nous connaître, c’était intéressant de retravailler ensemble, et les projets de films animaliers sont assez rares. Pour un compositeur c’est passionnant car la musique peut clairement s’exprimer, il y a de la place, on peut développer de longues plages musicales, de 5 à 6 minutes. C’est presque impossible sur de la fiction. 

Nous avons démarré le travail avant que le montage ne commence, donc sans image. J’ai posé beaucoup de questions. Luc m’a parlé des empereurs, cet animal qu’il admire plus que tout au monde et aussi de l’Antarctique bien sûr. Je n’avais en tête que des clichés : un petit animal gauche sur la banquise qui fait rire mon fils avec sa démarche cahotante, et un continent qui s’étend à perte de vue, où lorsque le soleil brille et la glace scintille on a envie d’aller. Peu de gens connaissent vraiment cet endroit, mais Luc oui. C’était captivant de l’écouter car très loin de ce qu’on a l’habitude d’entendre. Il a une vison très dure de l’Antarctique, et l’empereur pour lui n’a rien de drôle, c’est un animal noble, un survivant qui affronte les pires tempêtes de la planète pour se reproduire. On est loin de l’image d’Epinal...

Les premières notes de musique ont été écrites en pensant à ça. Plusieurs séquences musicales montrent cette dureté, traduisent l’effort, la souffrance. On n’est pas du tout dans une ambiance joyeuse comme j’aurais pu le faire au départ. Les empereurs sont de grands marcheurs. J’ai créé un motif rythmique qu’on retrouve lors des scènes où on les voit parcourir inlassablement la banquise. Ce sont des vents qui les accompagnent en sortant de leur registre habituel, ce n’est pas que musical, il s’agit aussi de faire du bruit. 

Il a fallu trouver un équilibre entre ces sonorités qui collent aux manchots empereurs, à l’histoire du film, et des passages plus emportés. C’est un film de cinéma, dans un univers de grands espaces. A certains moments je ne me suis pas privé d’aller vers l’emphase en emmenant l’orchestre vers de grands thèmes plus mélodiques. 

On est très loin du travail fait sur La Glace et le Ciel qui contait l'histoire de Claude Lorius et des risques qu'il avait pris au service de la science en découvrant à l'époque un territoire inexploré. La musique traduisait une épopée. 

Composer la musique d’un film documentaire c’est comme une course de fond ! On travaille séquence après séquence. Pour chacune on compose un morceau. A la toute fin du projet, on assemble les séquences les unes aux autres et là… l’effet n’est plus le même ! Certains passages qui marchaient seuls ne fonctionnent plus dans la totalité ou s’enchainent mal. Il ne faut pas s’épuiser au début et garder de l’énergie pour la dernière ligne droite pendant laquelle on doit retravailler l’ensemble de la musique pour que les morceaux coulent les uns après les autres.

Sur L’Empereur, il m’a fallu saisir ce que Luc ressentait en Antarctique auprès des empereurs. Comme il y est allé plusieurs fois, que ce lieu l’envoute, il a des sensations profondes qui lui reviennent. Il en parle très bien, mais nous sommes tous différents. Il y avait parfois un réel décalage entre ce que je proposais, qui pour moi collait parfaitement à ce qu’il m’avait décrit, et ce que lui avait en tête. Immédiatement quand la musique ne correspondait pas à ses sensations, Luc réagissait, c’était très instinctif. Je me rappelle d’une scène sous-marine que j’ai reprise des dizaines de fois ! J’avais en tête un ballet et Luc tout l’inverse ! Mon travail a vraiment été de retranscrire en musique l’image et les sensations que Luc a de l’Antarctique et des empereurs. »

LE SAVIEZ-VOUS

L’archipel de Pointe Géologie 

Les images du film ont été réalisées dans l’un des plus beaux endroits de la planète : l’archipel de Pointe Géologie, là où il y a plus d’un siècle, les français posaient le pied pour la toute première fois en Antarctique. C’est une zone parsemée de rochers sur une quinzaine de kilomètres de rayon. Cela en fait une véritable réserve naturelle pour la biodiversité car c’est l’un des rares lieux en Antarctique où les oiseaux trouvent des rochers immergés pour venir nicher. Au moment du printemps, les trois quart des espèces qui se reproduisent en Antarctique se retrouvent ici pour la saison de reproduction et cohabitent durant quatre mois. Cet endroit qui s’était endormi dans l’hiver se réveille tout à coup. Les pétrels des neiges, les phoques de Weddell, les manchots Adélie, les labbes de McCormick… En quelques semaines les lieux se mettent à foisonner de vie. On compte plus de 100 oiseaux au mètre carré ! Le printemps est très court en Antarctique, les animaux n’ont que quelques mois pour parader, s’accoupler, élever leurs petits avant que ceux-ci ne prennent la route à leur tour. Tout va à toute vitesse. Pendant quelques mois, c’est l’effervescence. Puis en décembre, lorsque l’été austral est là, tout le monde repart à l’océan. L’agitation retombe. Ils ne reviendront que l’année prochaine. 

Un cycle de reproduction inversé

Les oiseaux ont tendance à caler leur reproduction lors des périodes d’abondance en nourriture pour pouvoir alimenter suffisamment leurs petits. Les manchots empereurs obéissent à un rythme totalement inversé : ils se reproduisent en plein cœur de l’hiver, lorsque la quantité de nourriture est la plus faible. Pour élever leurs petits, ils ont besoin de beaucoup de temps, presque cinq mois pour que les poussins soient assez solides pour partir en mer fin décembre lors de l’été austral. C’est à cette période que l’abondance de nourriture est la plus forte. Les poussins trouveront alors plus facilement de quoi se nourrir. Une stratégie de reproduction qui permet à l’empereur de mettre toutes les chances de son côté pour que le maximum de poussins autonomes survivent.

Les empereurs se reconnaissent grâce à leur chant 

Chaque empereur est doté d’une signature vocale unique qui permet d’identifier l’individu à coup sûr. Chez les manchots empereurs et royaux, cette signature est une petite virgule acoustique, un passage lent du grave à l’aigu répété 4 ou 5 fois, dont la forme est commune à toute l’espèce. 

Pour se faire entendre par-dessus le bruit de la colonie, les manchots se dressent et se servent de leur poitrail comme caisse de résonance. Autour du chanteur, un cercle de silence se forme pendant quelques secondes. Assez pour que celui qui est appelé puisse capter le chant. Afin d’entendre les chants et localiser ceux qu’ils recherchent, les manchots ont les oreilles gauches et droites asymétriques par rapport au corps. De cette manière, un manchot peut identifier un cri couvert par le chant des autres empereurs. Un adulte distingue le cri de son poussin même lorsque le bruit de la colonie dépasse 6 dB – soit deux fois plus fort que le son du petit lui-même. Dans une colonie d’un millier d’empereurs, les retrouvailles peuvent prendre jusqu’à 85 minutes.

Le plumage des empereurs encore plus froid que l’air ambiant !

En étudiant des images infrarouges de la colonie d’empereurs de Dumont d’Urville, des scientifiques écossais et français se sont rendu compte que la surface du plumage des empereurs était plus froide que l’air. La quasi totalité de la surface du plumage des animaux était même en-dessous du point de congélation, à l’exception de leur bec et de leurs yeux Cela leur permet de capter de la chaleur par convection : au contact des plumes froides, l’air cède quelques particules de chaleur.

L'embâcle

La banquise est de l’eau de mer qui gèle à la surface. En Terre Adélie, elle se forme en général au mois de mars. C’est ce qu’on appelle l’embâcle. Pour que ce phénomène se produise, la température de l'air doit être froide depuis plusieurs jours et celle de l'eau doit atteindre -1,8°C sur le premier mètre de profondeur. A cette température l'eau de mer gèle en raison de sa salinité. En Antarctique, l’embâcle est un signal pour les empereurs. C’est lorsqu’elle commence qu’ils regagnent le bord du continent pour retrouver la manchotière et se reproduire. 

Les manchotières

Les manchotières sont les sites sur lesquels se retrouvent les colonies d’empereurs pour se reproduire durant l’hiver austral. Malgré l’immense superficie du continent Antarctique, il y a peu de manchotières. C’est parce qu’elles réunissent des critères bien particuliers. Ce sont des plateformes de glace très plates, stables tout au long de l’année. La glace doit être assez solide et épaisse pour garantir aux manchots empereurs une sécurité maximale au cours de leur reproduction. L’orientation du site est également décisive : les manchotières se trouvent au maximum à l’abri du vent car lorsqu’il est trop intense, il fragilise la banquise. Les empereurs s’installent aussi toujours à proximité de ressources alimentaires car ils doivent effectuer de nombreux allers retours pour nourrir leurs poussins. L’océan reste donc toujours accessible et on trouve souvent des polynies à quelques kilomètres des colonies. Les polynies sont de larges fractures dans la glace, qui donnent accès à l’eau libre. Le site de Dumont d’Urville est en tout point idéal, c’est pour cela qu’il abrite chaque année une importante colonie de manchots empereurs.

Les parades amoureuses

Les parades démarrent au retour des empereurs à la manchotière. Elles durent une dizaine de jours. C’est un immense rassemblement qui réunit tous les empereurs de la colonie. C’est à ce moment que le nombre d’empereurs est le plus important. Les mâles et les femelles aptes à se reproduire sont là et certains jeunes venus en curieux. Ces derniers ne se reproduiront pas cette année mais ils reviendront l’année suivante. Les empereurs paradent tous ensemble, en même temps. C’est un concert de chants. Pendant des jours on dirait que les empereurs dansent, ils tendent leurs cous, inclinent leurs têtes comme s’ils faisaient la révérence. C’est étonnant de ressentir autant de tendresse dans leurs parades. Certains couples, seulement 15%, parviennent à se reconnaître d’une saison à l’autre. Pour les autres ce sont de nouveaux couples qui se forment. Les jeunes empereurs et les adultes qui n’ont pas trouvé de partenaires repartent vers l’océan. La vie en plein hiver sur le continent est bien trop dure, les empereurs n’y viennent que pour se reproduire. A la fin des parades les couples copulent et puis le calme retombe. 

L’été austral 

Comme la Terre tourne autour du soleil, les saisons sont inversées entre l’hémisphère sud et l’hémisphère nord. En Antarctique, l’été austral démarre au mois de décembre et dure trois mois jusqu’en février. Cette période est la plus douce sur le continent blanc. C’est à ce moment que la banquise qui entoure le continent fond enfin. Cette eau de mer gelée se disloque formant de gigantesques icebergs, libérant la voie aux navires qui peuvent accoster sur le continent. Durant l’été austral, l’ensoleillement est quasiment permanent. Plus on s’approche du pôle Sud, plus l’ensoleillement est long. Le 21 décembre a lieu le solstice d’été. A cette date, l’hémisphère sud connaît le jour le plus long de l’année. Cette journée est marquée par la présence permanente du soleil au pôle Sud.

BIOGRAPHIE DE LUC JACQUET

Luc Jacquet

Après des études supérieures de biologie, c’est à la suite d’un hivernage de quatorze mois en Antarctique à la base française Dumont d’Urville que Luc Jacquet découvre ses deux grandes passions : l’image et la médiation scientifique. Son premier long-métrage, LA MARCHE DE L’EMPEREUR, réunit plus de 25 millions de spectateurs à travers le monde. Il est couronné de nombreuses récompenses dont le prestigieux prix de l’Académie des Oscars pour le Meilleur Film Documentaire en 2006. En 2010, il fonde l’association Wild-Touch avec la volonté d’agir pour la préservation de la nature à travers l’émotion de l’image et du cinéma. Après IL ETAIT UNE FORÊT en 2013, Luc Jacquet poursuit son aventure cinématographique aux côtés du glaciologue émérite Claude Lorius en réalisant un nouveau film long-métrage LA GLACE ET LE CIEL, sorti sur les écrans à l’automne 2015. Ce projet est accompagné d’un ambitieux programme transmédias, porté par l’association, autour de la thématique autour de la thématique majeure du changement climatique. Aujourd’hui, Luc Jacquet travaille avec Wild-Touch sur un projet artistique global et de grande envergure autour de la biodiversité : "The Flow of Life" : une série d'expéditions pour raconter comment chaque être vivant sur la planète est connecté aux autres, dont Wild-Touch Antarctica!, réalisé en Terre Adélie à l'automne 2015 aux côtés des photographes Vincent Munier et Laurent Ballesta.

FILMOGRAPHIE
2017
L’EMPEREUR
Production : Bonne Pioche
2015
LA GLACE ET LE CIEL
Production : Eskwad
2013
IL ETAIT UNE FORÊT
Production : Bonne Pioche
2007 
LE RENARD ET L’ENFANT 
Production : Bonne Pioche
2005 
LA MARCHE DE L’EMPEREUR (Oscar du meilleur film documentaire, quatre nominations aux César dont celui du meilleur premier flm pour Luc Jacquet, et le César du meilleur son, National Board of Review Award du meilleur documentaire, entre autres prix et nominations) 
Production : Bonne Pioche
2004 
DES MANCHOTS ET DES HOMMES (TV) (coréalisation avec J. Maison)
Production : Bonne Pioche
ANTARCTIQUE PRINTEMPS EXPRES (TV)
Production : Bonne Pioche
SOUS LE SIGNE DU SERPENT (TV)
2001 
LA TIQUE ET L’OISEAU (TV)
2000
UNE PLAGE ET TROP DE MANCHOTS (TV)
1999
L’ASTROLABE EN TERRE ADÉLIE (TV)
LE LÉOPARD DE MER : LA PART DE L’OGRE (TV)
1996
LE PRINTEMPS DES PHOQUES DE WEDDELL (TV)
L’EMPEREUR, un film impulsé par l’ONG Wild-Touch 

Dans le sillage du succès de son film LA MARCHE DE L’EMPEREUR vu par plus de 25 millions de spectateurs à travers le monde et récompensé́ d’un Oscar en 2006, Luc Jacquet créé l’organisation à but non lucratif et d’intérêt général Wild-Touch. Avec la volonté́ d’inviter le public à découvrir et à comprendre pour se mobiliser, l’ONG traite des enjeux de conservation majeurs tout en l’émerveillant sur la beauté́ de la Terre.

Au cœur des forêts primaires, le premier projet IL ETAIT UNE FORÊT avait ainsi amorcé l’engagement personnel de Luc Jacquet de se faire passeur de science, avec un parti pris résolument artistique, tout en s’affranchissant de la narration audiovisuelle classique. Les projets sur le climat, La Glace et le Ciel, et le pôle sud, Antarctica!, ont permis à des millions de personnes dans le monde, tous médias confondus, de partager le grand récit artistique de Wild-Touch autour de la biodiversité, The Flow of Life.

Une médiation scientifique et artistique innovante, grâce à des moyens de réalisation ambitieux et à la force émotionnelle de l’image. Un artisanat minutieux, à la croisée du talent des artistes, des experts scientifiques et des pédagogues, pour immerger le public au cœur même de la biodiversité́. 

Les productions artistiques et de médiation de Wild-Touch sont déployées à travers tous les médias et pour tous les publics. Chaque expédition de The Flow of Life se décline des réseaux sociaux aux expositions muséographiques, du smartphone aux salles de cinéma. À travers toutes ces expériences immersives et sensibles se transmet le désir de préserver notre patrimoine naturel.

www.wild-touch.org

FILMOGRAPHIE DE BONNE PIOCHE CINEMA, LES PRODUCTEURS

BONNE PIOCHE est une société de production indépendante crée en 1993 par Yves Darondeau Christophe Lioud et Emmanuel Priou regroupant les activités cinéma, télévision et musique avec ses différentes filiales dédiées à chacune de ces activités.

Forte de son succès avec LA MARCHE DE L’EMPEREUR en 2005, BONNE PIOCHE CINEMA investit dans des projets ambitieux et fidèles à sa ligne éditoriale orientée vers des films singuliers et porteurs de sens pouvant toucher et émouvoir un large public familial. Depuis cette extraordinaire histoire des manchots empereurs en Antarctique, vue dans plus de 60 pays et récompensée notamment par un Oscar, BONNE PIOCHE CINEMA a à ce jour produit et coproduit 12 films très souvent récompensés par de nombreux prix dans les festivals.

LA MARCHE DE L’EMPEREUR de Luc Jacquet  (2005)
DANS LA PEAU DE JACQUES CHIRAC de Karl Zero et Michel Royer (2006)
LE RENARD ET L’ENFANT de Luc Jacquet  (2007)
J’IRAI DORMIR A HOLLYWOOD de Antoine de Maximy (2008)
TOSCAN de Isabelle Partiot-Pieri (2010)
PARLEZ-MOI DE VOUS de Pierre Pinaud (2011)
UNE CHANSON POUR MA MERE de Joël Franka (2013)
IL ETAIT UNE FORET de Luc Jacquet  (2013)
GUAPO SIEMPRE de Richard Aujard (2015)
A TOUS LES VENTS DU CIEL de Christophe Lioud (2015)
C’EST QUOI CETTE FAMILLE ?! de Gabriel Julien Laferrière (2016)
LES PEPITES de Xavier de Lauzanne (2016)

A PROPOS DE PAPRIKA FILMS

PAPRIKA Films a été créé en 2010 par Laurent Baujard et Pierre-Emmanuel Fleurantin. Longs métrages, séries fiction et documentaires, Paprika Films ne se limite pas dans son champ d’action. 

Laurent Baujard a oeuvré pendant 10 ans comme producteur au sein du groupe GEDEON Programmes. Il a notamment produit le long métrage 3D « AMAZONIA », fiction animalière sorti en salle en Novembre 2013 et vendu dans plus de 70 pays.

Pierre-Emmanuel Fleurantin a débuté sa carrière au sein de Cofiloisirs avant de rejoindre comme directeur financier et producteur la société Ego Production. En 2009, il a fondé avec succès le Festival du Cinéma Européen des Arcs.

En 2012, la société coproduit Just the wind de Bence Fliegauf qui remporte l'ours d'argent de la Berlinale. En 2015, c'est Frenzy- Abluka de Emin Alper, coproduction franco-turque, qui remporte le prix spécial du jury de la Mostra de Venise.

Paprika Films a également produit plusieurs documentaires unitaires à caractère international et centrés sur les domaines de la nature, de l’environnement et de la science. La société a produit cette année le projet Antarctica ! (1*90 et 1*52 et volet digital VR) pour ARTE, issu de l’expédition WILD TOUCH-ANTARCTICA.

En 2016, Paprika Films s’associe alors à Bonne Pioche pour coproduire le deuxième opus de La Marche de l’Empereur.

A PROPOS DE DISNEYNATURE

En 2008, Jean-François Camilleri crée Disneynature, -seul label cinématographique lancé par The Walt Disney Studios depuis 60 ans-  s’inscrivant dans la lignée des films documentaires animaliers  « True Life Adventures » produits dans les années 50 par Walt Disney, lui-même déjà attentif à la nature. 
Rajouter 1 ou 2 visuels des True Life Adventures

LA NATURE INVENTE LES PLUS BELLES HISTOIRES

Depuis 9 ans, Disneynature amène sur le Grand Ecran les plus belles histoires inventées par la Nature elle-même.  

 Grâce à son storytelling unique mis en image par les réalisateurs animaliers les plus talentueux au monde qui recourent aux meilleurs techniques cinématographiques et filmés dans les plus beaux endroits sur Terre, Disneynature offre au spectateur un spectacle unique … grandeur nature !

Disneynature raconte les plus belles histoires inventées par la nature pour émerveiller, faire aimer et donner envie de protéger. Avec 7 films de cinéma et plus de 30 millions de spectateurs dans le monde, Disneynature est le studio de cinéma international référent sur le sujet de la nature. 

Réalisé par Matthew Aeberhard et Leander Ward,

 Réalisé par  Louie Schwartzberg

 Réalisé par Keith Scholey et Alastair Fothergill

 Réalisé par  Mark Linfield et Alastair Fothergill

 Réalisé par Keith Scholey et Alastair Fothergill

 Réalisé par Mark Linfield et Alastair Fothergill

Aux Etats-Unis, Disneynature a également distribué les films UN JOUR SUR TERRE réalisé par Alastair Fothergill et Mark Linfield,et OCEANS réalisé par Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, produit par Galatée Films et Pathé Renn.

ÉMERVEILLER, FAIRE AIMER ET DONNER ENVIE DE PROTÉGER 

Pour Disneynature, l’ambition est à la fois de présenter des histoires comme seule la nature sait en écrire, et aussi de sensibiliser le public à la beauté de la Planète pour influer sur l’avenir des générations futures. La préservation de notre environnement est aujourd’hui une nécessité dont plus personne ne peut douter. 

Partant du principe que l’on défend encore mieux ce que l’on connaît et ce que l’on aime, Disneynature 
prolonge l’expérience hors des salles de cinéma en proposant  des contenus originaux en digital et en TV, et fait vivre des expériences uniques qui susciteront l’engagement des enfants et des adultes pour la nature.. Le Disneynature Photo Challenge, par exemple, invite chaque année les photographes en herbe à capturer les plus belles images du printemps. Disneynature franchit également une nouvelle étape de son développement et proposera en 2017 une première gamme de produits porteurs de sens et respectueux de l’environnement. 

Le respect de la nature, l’envie de la protéger et la transmission aux générations futures sont les valeurs fortes de Disneynature. 

PROTÉGER NOTRE  BIEN COMMUN : DES ACTIONS  EN FAVEUR DE LA NATURE 

Depuis sa création, Disneynature a à cœur de traduire concrétement son engagemenent en soutenant les actions de conservation d’associations de protection de la nature  locales et internationales  

Parmi celles-ci, citons son soutien aux initiatives lancées par le WWF, la Wild Chimpanzee Fondation, le Jane Goodall Institute, la Ligue de Protection des Oiseaux, la Fondation Prince Albert II de Monaco, la Tusk Trust Foundation  et tout récemment la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et pour l’Homme.

Ainsi lors de la sortie de CHIMPANZES en France, sur chaque place de cinéma achetée lors de la première semaine d’exploitation du film, une partie des recettes a été reversée à la Wild Chimpanzee Foundation pour contribuer à la protection des Chimpanzés sauvages

Pour GRIZZLY, en France,  Disneynature  a fait un don au profit de l’association SOS Save Our Species pour soutenir  ses projets de protection de 200 espèces menacées d’extinction en Amérique latine, en Afrique et en Asie. 

Pour AU ROYAUME DES SINGES, Disneynature  s’est engagé avec  la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et pour l’Homme par le biais d’une opération de partage du film annonce mise en place sur Facebook pour faire un don  au profit du programme Rajako. 

DU GRAND AU PETIT ECRAN
  • UNE EXPÉRIENCE DIGITALE SUR LA NATURE 
Zoom by Disneynature 
Et Aujourd’hui que se passe-t-il sur Terre ?

Depuis octobre 2014, Disneynature propose une expérience digitale unique sur la nature pour suivre chaque jour l’actualité de la nature, et s’émerveiller des comportements d’animaux, au fil des saisons, entre terre, mer et ciel.
  • UN SERVICE DE VIDÉO A LA DEMANDE ENTIÈREMENT DÉDIÉ AUX MERVEILLES DE LA NATURE
Disneynature tv 


Lancé en 2012, Disneynature tv est l’unique service de vidéo à la demande qui propose aux abonnés de Canalplay et du bouquet famille max de la TV d’Orange de découvrir les plus belles histoires du monde sauvage à travers une collection unique de films documentaires et de fiction.

AUTOUR DE L’EMPEREUR

L’exposition Antarctica 
Au Musée des Confluences de Lyon
Une exposition temporaire du 26 avril au 31 décembre 2016
Prolongation jusqu’au 16 avril 2017 

Préparez-vous pour un voyage en Antarctique, cette terre uniquement accessible aux missions scientifiques internationales. Pour la première fois, une exposition vous propose de pénétrer dans la beauté de cette oasis des glaces : plongez dans les profondeurs de l’océan antarctique et promenez-vous sur la banquise, pour découvrir l’extraordinaire biodiversité du continent blanc.

En 2015, dix ans après La Marche de l’empereur, le réalisateur Luc Jacquet, accompagné des photographes Vincent Munier et Laurent Ballesta, conduit une expédition unique au monde. La rencontre entre les équipes de l’expédition et le musée donne lieu à une exposition sensible et inédite, véritable ode à la biodiversité polaire et à sa protection.

Les livres

L’empereur
Luc Jacquet
Editions Paulsen

Une longévité exceptionnelle, une endurance à toute épreuve et une résistance aux conditions extrêmes de son milieu naturel font du manchot empereur un champion du monde de l’art d’être vivant.
Luc Jacquet connaît bien cet oiseau du froid, dont il a été l’observateur privilégié le temps de six expéditions en Antarctique.
Il a suivi l’animal jour après jour, au fil des saisons, dans chacune des étapes de sa vie : depuis son retour à la colonie jusqu’au grand départ des poussins vers l’océan.
Il a observé l’apprentissage de la nage, le temps des parades et les formations en tortues au cœur du pire hiver sur Terre.
Il a mesuré son adaptation parfaite à son environnement et sa capacité à être aussi performant sur la banquise que sous l’eau.

Illustré par plus de 200 images, sélectionnées parmi le travail des meilleurs photographes de l’Antarctique, cet ouvrage pose un regard nouveau sur une société organisée, faite d’apprentissage, d’entraide et de partage. Des valeurs universelles qui, alliées à ses talents d’équilibriste et au miracle de ses intuitions, participent du caractère prodigieux du manchot empereur.

Antarctica!
Luc Jacquet, Laurent Ballesta, Vincent Munier
Editions Paulsen

Ils sont partis à onze pendant quarante-cinq jours. Une équipée artistique et scientifique pour montrer l’extraordinaire biodiversité terrestre et sous-marine d’un des plus beaux endroits de l’Antarctique : l’archipel de Pointe Géologie. Dirigée par le cinéaste Luc Jacquet, cette expédition est racontée par chacun de ses membres et mise en images par deux photographes, Vincent Munier sur la banquise, et Laurent Ballesta, sous la glace. Jamais des hommes n’avaient plongé si profondément en Antarctique, photographiant pour la première fois certaines espèces évoluant dans leur environnement naturel.
Un récit photographique exceptionnel et un véritable album d’exploration qui dévoile les deux visages d’une oasis de vie.

Adélie, terre & mer 
Vincent Munier, Laurent Ballesta
Une co-édition Kobalann / Paulsen

Pour la première fois, les photographes Vincent Munier et Laurent Ballesta sont partis ensemble pour découvrir les trésors naturels de la Terre Adélie, en Antarctique. Vincent Munier a exploré la banquise, tandis que Laurent Ballesta s’est immergé sous la glace ; l’un a observé les manchots empereurs et les pétrels des neiges à l’air libre, tandis que l'autre a plongé avec les phoques de Weddell et découvert l’étonnante et méconnue biodiversité des profondeurs antarctiques… 
Tous deux ont rapporté de ce voyage des images uniques, où la blancheur éclatante de la banquise contraste avec le bleu des fonds marins. 
Résultat d'un exploit technique aussi bien qu'artistique, ce livre est également un très bel objet, réunissant deux recueils photographiques de grand format dans un luxueux coffret.

Le jeu

L’empereur !
Florent Toscano
Les jeux Opla

Jamais un parcours si simple n’aura été si inattendu !

Votre manchot doit quitter la colonie pour aller se nourrir à l’océan, puis revenir à parmi les siens. Votre instinct vous guidera pour choisir le bon chemin, éviter le blizzard et profiter de l’aide des autres.

Mémoire et tactique seront indispensables pour gagner cette course !

 2-4 joueurs
+ 8 ans
Variante à partir de 5 ans !
15 minutes

Un jeu made in France

   
#LEmpereur

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